Un village produit sa propre électricité

Saint-Julien-en-Quint (Drôme), reportage

« Vous voyez, les panneaux produisent 7 187 Watts », indique René en pointant du doigt les onduleurs installés dans son grenier. Cet agriculteur retraité a été contacté il y a quelques années par l’association Acoprev, pour faire installer des panneaux photovoltaïques sur son domaine. « Ils cherchaient des toitures, j’étais partant », se remémore-t-il.

Attablé dans une salle communale, l’ancien maire de Saint-Julien-en-Quint (Drôme) explique qu’Acoprev est née à la suite d’une visite effectuée en 2016 dans une usine de production de stations à hydrogène. « Pour avoir une station, il nous fallait avoir de l’électricité verte », note Alain Vincent, conscient que ce vecteur énergétique est souvent produit à partir d’énergies fossiles. Si la station à hydrogène n’a pas encore été achetée, les économies de citoyens volontaires ont été mises en commun pour investir dans des panneaux solaires.

« Reprendre en main son destin énergétique »

Très rapidement, les personnes ayant pris part au projet ont privilégié l’installation de panneaux en autoconsommation collective. Alors que les panneaux solaires vendent traditionnellement l’électricité dégagée sur le réseau national — un mode de valorisation économique notamment utilisé par les centrales villageoises —, la production est ici répartie entre les membres de l’association. Lorsque le soleil n’est pas au rendez-vous, les habitants de la ville utilisent alors le réseau national d’électricité et disposent donc d’un second fournisseur.

Pour qu’un citoyen puisse avoir accès à l’électricité produite localement, il peut devenir sociétaire d’Acoprev qui lui vend alors de l’électricité à un prix défini par l’association. « Qui va aller à l’assemblée générale d’EDF pour décider des prix de l’électricité ? » s’interroge Alain Vincent, satisfait de n’avoir fait passer « aucune hausse du prix depuis que l’on vend de l’électricité ». Enjoué, l’ancien maire estime que, grâce à l’association, « on sort une partie de notre consommation des aléas du marché et de sa spéculation ».

Les opérations d’autoconsommation collective sont encadrées depuis 2015 dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte. Cela permet aux habitants de réaliser d’importantes économies sur leur facture d’électricité. Une économie d’autant plus importante que les prix de l’énergie grimpent en flèche.

« Le fait de reprendre en main son destin énergétique motive les initiateurs des opérations d’autoconsommation collective », explique Gilles Debizet, maître de conférences à l’université de Grenoble…

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Auteur: Jules Brion, Pierre-Thomas Demars Reporterre