Puy-en-Velay (Haute-Loire), reportage
Barbe blanche fournie, l’œil rieur, Lucien, 75 ans, va et vient d’un bout à l’autre du camp. Là, un groupe de jeunes installe des toilettes sèches. Au fond du champ, des travailleurs du bois empilent de lourdes poutres en chêne et devisent sur les plans d’une future cabane. Plus loin, une petite troupe de jardiniers bêche et prépare les semis du potager, encouragés par la musique de The Specials. « C’est magnifique cette dynamique », savoure le vieux militant, engagé de longue date contre le projet de déviation de la RN88, et plus encore depuis qu’elle a pris les couleurs de Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
La nouvelle portion de la route nationale 88 , une déviation de dix kilomètres, devrait passer entre les monts de la Haute-Loire pour éviter la traversée des villages de Saint-Hostien et du Pertuis, et permettre aux véhicules de filer à 110 km/h sur une deux fois deux voies. 140 hectares, dont une majorité de terres agricoles et naturelles, seraient ainsi « aménagés », bitumés. Un viaduc, des ponts et tunnels viendraient entailler le paysage. Trois millions de mètres cubes de déblais devraient être excavés.
C’est sur les terres d’une des fermes impactées par le projet routier que militants, curieux et locaux se sont retrouvés ce week-end du samedi 22 mai, sur les hauteurs de Puy-en-Velay. En quelques heures, fruit d’une solide organisation — ralentie par un déploiement très important des forces de l’ordre, le champ s’est transformé en un village fourmillant de vie, d’idées et, déjà, de débats.
« La lutte contre le projet routier a commencé en juin. C’est le rassemblement le plus organisé et le plus important depuis le début. Il y a plein de gens qu’on n’avait jamais vus, dit Lucien. On ne sait pas encore qu’elle suite on va donner à la lutte. Mais on ne plante pas des choux pour les abandonner dans la nature deux jours plus tard. Ce sont les prémices… »
Le champ en train d’être transformé en village. © Loïc Guinais
« Un projet électoraliste, inutile et catastrophique »
Un peu plus tôt, samedi matin, ils étaient environ 500 à manifester dans le centre-ville de Puy-en-Velay, là aussi encadrés par un dispositif policier jugé démesuré par beaucoup. On comptait des agriculteurs touchés par le tracé du projet routier, les militants de la lutte des Sucs (le collectif d’opposants au projet), la Confédération paysanne et diverses organisations locales, mais aussi des…
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Auteur: Loïc Guinais, Robin Bouctot Reporterre