Une attaque contre-insurrectionnelle en règle

Ici, je vais analyser trois documents récents, deux textes publiés sur des sites liées à des militaires, l’un signé par des généraux –“lettre des généraux” désormais- et republié par l’hebdomadaire Valeurs Actuelles le 21 avril, l’autre par des colonels –“réponse des colonels”- et signalé par la revue Regards, et une intervention télévisée de Mme Maréchal Le Pen le 29 avril. Les contenus de ces trois documents dialoguent entre eux et se comprennent sous le prisme d’une idéologie particulière, celle de la contre-insurrection (que nous évoquerons à travers certains de ses auteurs de référence, les colonels Charles Lacheroy et David Galula).

Maréchal Le Pen, dont nous avions déjà remarqué la propension à faire passer du Lacheroy pour du Gramsci, confirme son inscription dans cette tradition militaire française. Elle ne se contente pas de justifier et soutenir l’appel, elle juge plus généralement que les militaires, grâce à leurs « expériences […] dans des pays qui ont connu la guerre civile leur permet d’avoir une grille d’analyse qui, évidemment, n’est pas celle du commun des mortels. Et qui est intéressante pour pouvoir dénicher les signes avant-coureurs » relative « à l’état de guérilla latent que nous vivons au quotidien ». Ces mots résonnent, terme à terme, avec ceux de Lacheroy qui expliquait : « Dans une période calme, seuls les services spécialisés décèlent les signes précurseurs d’un orage et, en général, les signalent aux autorités responsables. Mais l’expérience prouve qu’elles sont rarement écoutées. »

Pour bien saisir l’implication des “signes avant-coureurs” de Maréchal Le Pen (ou “précurseurs” de Lacheroy), il faut revenir à la théorie des cinq phases du même Lacheroy, qui est le socle commun de toute la contre-insurrection à la française, ainsi résumé par l’historien Paul Villatoux : « Ce scénario, considéré comme immuable, débute par une “période de calme” apparent à laquelle succède une phase de terrorisme puis une autre de guérilla et de prise en main des populations, pour finir par la mise en place d’une organisation politico-administrative clandestine et de véritables troupes régulières ».

L’important est l’immuabilité du scénario. Pour les tenants de cette théorie, les phases se succèdent inévitablement. Il convient donc de mener une guerre préventive, y compris pour une raison de type humanitaire, dès les premières phases, puisqu’il va de soi que plus le…

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Auteur: lundimatin