On a beaucoup polémiqué sur l’arrivée tardive des secours lors d’une récente manifestation, et sur le rôle qu’auraient pu jouer les autorités dans cette bévue. Celles-ci ont affirmé qu’elles avaient pris soin d’éviter le sur-accident, et veillé au premier chef à la sécurité des urgentistes. Un médecin délégué n’avait-il pas en outre courageusement affronté une foule hostile pour sauver un blessé ? Pourtant d’autres restent sceptiques, et demandent des preuves pour que la lumière soit faite sur l’épisode. La conversation qui suit est à verser au dossier – c’est la transcription d’un enregistrement retrouvé par hasard. Elle permet au moins de comprendre pourquoi les instances n’ont pas officialisé la présence d’un autre héros : le docteur Murray.
— Il y en a quand même plus de six mille, des terroristes, mon Lieutenant. Vous êtes sûrs qu’on aura assez de grenades pour tout le monde ?
— Affirmatif. On a de quoi défendre l’ordre républicain pendant plusieurs heures. Et puis il reste les hélicos. Inquiétez-vous plutôt de me retrouver Murray. Vu ce qu’on balance, je suis pas sûr que c’était une bonne idée de l’envoyer parmi les forces ennemies pour montrer qu’on soigne tout le monde.
— Surtout qu’il y a La Détente qui poursuit les terroristes avec un flashball sur son quad, mon Lieutenant. Il serait capable de vous l’amocher, l’humanitaire, aha. Attendez, je regarde aux jumelles… Oh la poilade ! Regardez, chef, y en a déjà un qui court comme un lapin avec une main dans le sac.
— Bon, vous l’appelez ?
— Oui mon Lieutenant ! (…) Allo, docteur Murray ? Où en êtes-vous, Murray ? Précisez votre position.
— Je … Je suis au milieu des gens. Il y a des blessés.
— C’est pas grave, revenez.
— Je… Je répète : il y a des blessés.
— Pas grave. Revenez !
— Je peux pas.
— Vous allez pas chipoter pour deux terroristes.
— C’est…
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Auteur: dev