Dans ces moments troubles, nous perdons nos fondamentaux comme l’abolition du salariat ou la nécessité de privilégier les besoins fondamentaux plutôt que créer des besoins nouveaux. La vision utilitariste du travail redevient la norme dominante et contamine tout le monde, y compris la gauche et les écologistes. Le débat sur l’immigration ne porte plus sur la liberté d’aller et venir, et le progressisme se résume désormais à régulariser certains sans-papiers dans les métiers en tension. Quant au débat sur les minima sociaux, le workfare (1) se substitue petit à petit à l’État-providence, au welfare. Le sujet du revenu universel, social garanti, ou de tout autre système déconnectant l’activité de la rémunération devient un sujet secondaire.
Les bénéficiaires d’une aide sociale aptes au travail doivent travailler en échange de leur allocation.
Le logiciel ChatGPT, basé sur une intelligence artificielle (IA), inquiète. Plutôt que d’être vue comme permettant de supprimer les métiers tertiaires inintéressants, de favoriser l’émancipation des salarié·es, l’IA est présentée comme une technologie dangereuse et créatrice de chômage. Marx avait anticipé cette situation dans la section les Grundrisse, faisant des savoirs le cœur de la production. « Le savoir [va devenir] une force productive immédiate, et, par conséquent, […] les conditions du procès vital de la société s[er]ont soumises au contrôle de l’intelligence générale, […] les forces productives sociales ne s[er]ont pas seulement produites sous la forme du savoir, mais encore comme organes immédiats de la praxis sociale. » Cet aspect est primordial à la compréhension de la situation économique actuelle. Le travail immédiat passe derrière le savoir qui devient…
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Auteur: Jérôme Gleizes