« Une cohabitation apaisée avec les grands carnivores est possible, informez-vous ! »

Dans la nuit de samedi à dimanche 25 septembre 2021, à Saint-Bonnet-en-Champsaur dans les Hautes-Alpes, une louve tuée illégalement a été pendue à l’entrée de la mairie comme un funeste signal d’avertissement. Loups, ours, ou encore lynx, de trop nombreux carnivores sont abattus illégalement mais aussi légalement chaque année en France, par méconnaissance et peur. Face à cette escalade de la violence, un collectif de scientifiques, citoyens et acteurs de l’environnement a lancé un appel pour une cohabitation durable et apaisée avec la faune sauvage en France. La Relève et La Peste a échangé avec le chercheur à l’origine de l’appel, expert de ces sujets depuis plus de vingt ans.

Farid Benhammou est géographe, chercheur associé au Laboratoire Ruralités, enseignant en classes préparatoires à Poitiers et également co-fondateur du collectif GATO (Géographie, Animaux non humains et TerritOires).

La Relève et La Peste : Vous êtes chercheur depuis 25 ans sur les relations entre humains et grands carnivores dans la ruralité française, pourquoi lancer un appel « Grands carnivores, biodiversité et agriculture : Réveillez-vous ! » aujourd’hui ?

Farid Benhammou : C’est une forme de ras-le-bol. Cela fait plusieurs années que j’écris sur ces questions-là, et je vois toujours les mêmes choses et les mêmes arguments fallacieux. Sur le terrain, il y a des gens de bonne volonté qui veulent faire des choses et ne sont pas assez encouragés, ce sont toujours les voix les plus radicales et simplistes hostiles aux prédateurs qui ont l’oreille des dirigeants.

Même si officiellement la protection de ces espèces demeure la loi, et que des mesures d’aide existent, on est toujours dans un Etat qui raisonne trop facilement par la violence pensant que l’élimination va être la solution. Ce qui au passage légitime aussi une violence illégale que l’on a vu.

Là, l’élément déclencheur a été la louve suspendue à une Mairie. C’est une ambiance générale d’impunité en particulier à l’égard de certains activistes agricoles qui en bénéficient malgré leurs actes violents.

Par exemple, certains d’entre eux se sont grimés en terroristes pour demander d’abattre des ours en Arriège, et tuer des loups dans les Hautes-Alpes au Parc National des Ecrins en 2019, espace protégé ayant le plus haut niveau de protection en France. Ces actes graves n’ont quasiment pas suscité de poursuites, alors qu’ils appellent à la destruction d’une espèce protégée,…

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Auteur: Laurie Debove