Un futur décret gouvernemental prévoit de réduire le taux d’encadrement dans les crèches. Reportage à Aubervilliers, ville pauvre de Seine-Saint-Denis, où la crèche Scoubidou joue pourtant un rôle social crucial.
Le secteur de la petite enfance sera en grève ce jeudi 3 juin. Raison de la colère : un décret gouvernemental qui prévoit notamment la possibilité de réduire le taux d’encadrement ainsi que l’espace réservé aux enfants dans les grandes villes. À la crèche Scoubidou d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), on n’imagine pas appliquer le nouveau taux d’un adulte pour six enfants, en raison de la fragilité du public accueilli. La moitié des 62 enfants viennent de familles où les parents, des mères célibataires souvent, sont bénéficiaires du RSA ou inscrits à Pôle emploi.
Une crèche qui sert de guichet unique aux familles « souvent ballottées entre les organismes sociaux »
Parmi eux, Miliana Marcellus, mère célibataire de deux enfants. Elle s’apprêtait à prendre un congé parental pour s’occuper de sa fille quand la crèche Scoubidou lui a proposé une place, doublée d’un accompagnement personnalisé pour retrouver un emploi. « Nous accompagnons les parents et les enfants », résume Sakina Mekhnache, infirmière de formation, qui a quitté le milieu hospitalier pour diriger cette crèche il y a deux ans.
C’est l’Institut d’éducation et de pratiques citoyennes (IEPC), association créée au début des années 2000, qui gère Scoubidou ainsi que douze autres crèches similaires (dont trois à Aubervilliers) réparties partout en France. Après l’adaptation de leur enfant, les parents concernés par ce dispositif d’aide au retour à l’emploi signent un contrat d’engagement de trois mois, renouvelable, qui ouvre droit à un accompagnement individualisé.
Si l’aide à la recherche d’emploi ou de formation reste au cœur du travail de l’association, celle-ci assure de plus en plus un rôle social, servant de guichet unique aux familles « souvent ballottées de gauche à droite dans la prise de contact des organismes sociaux (Pôle emploi, CAF…) et dans l’accès aux droits », explique Kaï Cung, référent emploi et insertion à l’association depuis un an. Ses collègues et lui prennent davantage en charge des familles qui ne parlent pas français, et qui doivent en priorité suivre une formation linguistique. Enfin, une petite part du public doit entamer une démarche de régularisation administrative : l’accompagnement porte alors sur la constitution de leur…
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Auteur: Chantal Baoutelman