Une décennie de lutte pour sauver les terres fertiles du triangle de Gonesse

Depuis le dimanche 7 février, sous les flocons de neige, des militants écologistes érigent des cabanes sur le triangle de Gonesse, dans le Val-d’Oise. Elles et ils bravent le froid pour défendre ces terres fertiles situées à une quinzaine de kilomètres au nord de Paris. Les activistes veulent ainsi barrer la route aux engins du chantier de la société du Grand Paris, qui projette d’y construire une gare de la ligne 17 du métro.

En France, entre 20.000 et 30.000 hectares sont artificialisés chaque année. En novembre dernier, la Cour des comptes a estimé que 593.000 hectares de terres agricole ou naturelle avaient disparu en dix ans, soit plus que la taille d’un département comme le Vaucluse. Alors, pourquoi cette nouvelle Zad s’est-elle posée à cet endroit précis, au milieu des cultures de blé, et sous le ballet incessant des avions de l’aéroport de Roissy ?

Reporterre revient sur dix ans d’une lutte obstinée, durant lesquelles ces terres sont devenues un symbole national de l’opposition au béton et son monde.

L’histoire a commencé à s’écrire au début des années 2010. Le triangle de Gonesse était déjà en péril, menacé par un projet gargantuesque nommé EuropaCity. Ce mégacomplexe commercial, culturel et sportif, estimé à 3,1 milliards d’euros, comprenait un demi-millier de boutiques, quatre hôtels, une piste de ski, des cinémas, un centre aquatique et un palais des congrès. Ses promoteurs Auchan et Wanda — un conglomérat chinois — espéraient y attirer près de trente millions de visiteurs par an.

C’était sans compter sur la ténacité d’une poignée d’activistes. Parmi eux, un homme de 76 ans nommé Bernard Loup, pionnier et figure de proue de la lutte. La première fois qu’il a entendu parler du projet EuropaCity, c’était lors d’un débat public sur le Grand Paris, en 2010, lors duquel le groupe Auchan a annoncé son dessein. « Juste après la séance, j’ai enfourché mon vélo et suis allé voir à quoi ressemblait le triangle de Gonesse », confiait-il à Reporterre en octobre 2019. Il s’est dit « subjugué ». Pour lui, pas de doute, ces terres devaient être destinées à des cultures maraîchères, pour une alimentation saine, privilégiant la proximité et la sauvegarde de la biodiversité.


Bernard Loup, fondateur du Collectif pour le triangle de Gonesse, interviewé par Reporterre.

En 2011, Bernard Loup fondait le Collectif pour le triangle de Gonesse (CPTG) avec d’autres militants écologistes. Dès le départ, c’était « une lutte…

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre) Reporterre