Gardanne (Bouches-du-Rhône), reportage
Entre Aix-en-Provence et Marseille, l’usine Alteo est tristement célèbre pour ses boues rouges toxiques : au moins 35 millions de tonnes déversées entre 1966 et 2015 au fond de la Méditerranée au large des Calanques. Depuis un an, elle est mise en examen pour des dépassements de seuil de rejets de métaux lourds et hydrocarbures dans la mer.
Ces mêmes polluants se retrouvent aussi dans la nappe phréatique, en aval de l’usine, a découvert Reporterre. Le réseau d’eau concerné est connecté au petit étang de Fontvenelle, puis à la Luynes, un affluent de l’Arc, qui traverse le pays d’Aix. Les potentiels dommages aux écosystèmes de ces cours d’eau n’ont, pour l’heure, pas été mesurés.
Un risque connu depuis plus de 15 ans
Ce risque de pollution était connu des autorités depuis au moins 2008. « Il existe des relations entre l’impact des eaux de l’étang de Fontvenelle et l’activité du site », indique notamment une fiche Infosols publiée sur le site gouvernemental Géorisques. « Dans le cadre d’un épisode pluvieux important ou d’un accident, le réseau hydrographique est très sensible », explique par ailleurs ce document. Contactée, la préfecture des Bouches-du-Rhône n’a pas donné suite à nos questions.
Avec ses 132 ans d’activités et ses 380 emplois, « la vieille dame » est la plus ancienne usine d’alumine encore en activité au monde. Ses alumines de spécialité entrent dans la composition d’écrans de smartphones, de batteries de véhicules électriques, de briques réfractaires ou encore du blindage pour l’armement.
La société Alteo reconnaît elle-même une part de responsabilité dans la pollution des eaux souterraines, via un document diffusé en commission de suivi de site, où siègent des représentants de l’industriel, de l’État, des collectivités et des riverains, à la mi-avril 2024, auquel Reporterre a eu…
Auteur: Anthony Micallef, Pierre Isnard-Dupuy