Une guerre mondiale contre les femmes – de Silvia Federici

La semaine passée, nous publiions une recension de Caliban et la sorcière, de Silvia Federici, par nos amis d’Antiopées afin de remettre en contexte un nouvel ouvrage de cette dernière intitulé Une guerre mondiale contre les femmes. Des chasses aux sorcières aux féminicides et qui vient de paraître aux éditions La Fabrique. Voici cette semaine une note de lecture sur cette récente traduction : on y apprend notamment que les chasses aux « sorcières », en plus d’être un moment fondateur de la modernité capitaliste, se poursuivent encore aujourd’hui dans certains pays.

Silvia Federici, Une guerre mondiale contre les femmes. Des chasses aux sorcières aux féminicides, traduit de l’anglais (américain) par Étienne Dobenesque, La Fabrique éditions, 2021

Comme je le disais ici-même voici quelques jours, ce petit livre se compose de deux parties : la première résume le pavé Caliban et la sorcière, dont j’avais moi-même rendu compte au moment de sa parution, recension qui a été reprise par Antiopées et Lundi matin la semaine dernière. Résumé du résumé : les grandes chasses aux sorcières des XVIe et XVIIe siècles, qui ont persécuté des dizaines de milliers de femmes (des hommes aussi, mais beaucoup moins) à travers toute l’Europe, les torturant, les condamnant à mort et souvent à être brûlées vives, ont été l’une des manifestations de la naissance du capitalisme, contribuant puissamment à déstabiliser les communautés rurales, détruisant leurs solidarités élémentaires, leurs savoirs, leurs usages collectifs et en créant ainsi les « travailleurs libres » de toute attache nécessaires aux « poulaillers libres » de l’esclavage salarial. En s’attaquant principalement aux femmes, elles ont sapé à la base les capacités de « reproduction sociale » des communautés, soit leur autonomie, laquelle, pour n’être pas complète, leur permettait tout de même de vivre tant bien que mal avec l’élevage domestique, les cultures vivrières et les diverses cueillettes et autres ramassages de bois mort dans les forêts environnantes. Loin d’être un phénomène moyenâgeux, comme le veut un cliché encore trop répandu, elles sont ainsi contemporaines de l’éclosion de la modernité et participent de ce que Marx a nommé l’accumulation primitive, à travers les enclosures, soit la privatisation des terres autrefois communales et la constitution d’une propriété terrienne au détriment des ressources villageoises. La dernière partie de Caliban et la sorcière évoquait,…

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Auteur: lundimatin