Que partagent un lycéen de la fin du XIXe siècle, un prisonnier du XXe siècle, une ouvrière d’usine des années 1960, un patient-camarade dans un hôpital psychiatrique de la RDA, un infirmier de l’Assistance publique parisienne de l’entre-deux-guerres ou des pensionnaires des hospices aux XIXe et XXe siècles ? Dans des cadres bien différents, de près ou de loin, tous ont fait l’expérience de la généralisation de la punition comme mode de régulation des rapports sociaux. Punir serait-il une évidence, profondément inscrite dans l’histoire de toutes les institutions ? C’est à cette question que tente de répondre le livre Routines punitives. Les sanctions du quotidien XIXe-XXe siècle.
Dirigé par les historiennes Elsa Génard et Mathilde Rossigneux-Méheust, respectivement spécialistes de la prison et de la vieillesse, l’ouvrage fait des « micropénalités » une perspective de recherche en soi. Deux formats de textes tissent les fils de cette histoire commune des institutions : des chapitres écrits à plusieurs mains qui comparent les pratiques punitives dans différents univers institutionnels alternent avec des textes courts illustrés qui explorent la matérialité punitive. Par leur accumulation, on discerne les faux pas qui mènent au prétoire, au bureau du directeur ou au conseil de discipline, de l’« ivresse » à l’hospice au « bavardage » en prison. On y entraperçoit les faveurs qui fonctionnent comme l’envers de la médaille, des « récompenses » à l’asile jusqu’au « certif’ de bonne conduite » à l’armée.
On y découvre les scénographies des punitions, solennelles avec le « conseil de discipline » à l’école ou dégradantes dans le cas des « brimades » vécues à l’usine. On y voit les corps des punis, des « larmes » des…
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Auteur: Mathilde Rossigneux-Meheust