Une idée nouvelle : « Réussir la transition écologique en subventionnant l'emploi »

L’autre programme — Que pourrait faire un gouvernement pour engager la transformation de notre société ? Travail, démocratie, fiscalité, agriculture, énergie… Reporterre vous propose d’explorer, par des reportages et des enquêtes, quelques mesures de rupture écologique et sociale.


Benoît Borrits est chercheur indépendant et auteur. Son dernier livre, Au-delà de la propriété. Pour une économie des communs, est paru aux éditions La Découverte en 2018.




Reporterre — Pourquoi est-il, selon vous, indispensable de repenser le travail pour réussir la transition écologique ?

Benoît Borrits — D’abord parce qu’il est important que les gens n’aient pas peur de cette transition. Pour l’instant, nous ignorons encore les formes concrètes qu’elle prendra et si le nombre d’emplois « verts » créés sera au moins équivalent à celui des emplois détruits, notamment dans les secteurs très émetteurs de gaz à effet de serre, comme l’automobile. Dans le contexte d’un chômage de masse qui n’a jamais été résorbé en quarante ans, cette incertitude est une source majeure d’inquiétude et pourrait induire des résistances sociales légitimes. Le mouvement des Gilets jaunes, avec sa contestation de la taxe carbone, n’en a été qu’un avant-goût.

Ensuite, parce que plus on socialisera l’économie, moins on la laissera dépendre des seuls détenteurs de gros capitaux, et plus les citoyens auront leur mot à dire sur ses orientations, c’est-à-dire sur ce qui est produit et comment. C’est essentiel à une transition écologique réellement démocratique.



Vous proposez donc d’instituer une Sécurité économique. Selon quels principes ?

Puisque la croissance de l’économie n’a jamais permis de résorber le chômage de masse, il est urgent de recourir au subventionnement de l’emploi. Les Territoires zéro chômeurs de longue durée (TZCLD) le pratiquent déjà avec succès.

On pourrait penser qu’un tel subventionnement des emplois à l’échelle du pays est irréaliste, tant les montants en jeu sont importants : de l’ordre de 560 milliards d’euros annuels pour une couverture à 75 % du Smic, d’après mes calculs fondés sur les statistiques de l’Insee 2019. Mais l’originalité de la Sécurité économique telle que je la conçois, c’est justement de ne pas faire appel au budget de l’État : ce sont les entreprises elles-mêmes qui la financeraient.

Le principe est simple. On crée une caisse de subventionnement alimentée par les contributions des entreprises, au…

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Auteur: Reporterre