Une islamophobie au quotidien et un mouvement social qui s’en désintéresse

Après l’assassinat de Samuel Paty, les vautours s’en sont donné à cœur joie : ne faudrait-il pas, finalement, faire l’amalgame, choisir son camp ? Rien n’aura été épargné : retour de Manuel Valls à la télévision, projection géante d’une caricature de Mahomet sur l’hôtel de région à Montpellier, suspicion généralisée d’islamogauchisme, dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France, fermeture temporaire de la mosquée de Pantin, enfants accusés d’apologie du terrorisme… Des millions de musulmans ont été assimilés à des ennemis de l’intérieur. Or, il existe un Islam de France, de proximité, avec une organisation religieuse de quartier mais on ne veut pas le voir, on préfère tout expliquer à partir des périphéries, des extrémités. Les musulmans de culture ou de pratique ne demandent pas la lune : juste du respect et de la dignité. C’est ce que clame Omar Slaouti, co-auteur de Racismes de France et militant au Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaire. Entretien.

Article publié dans le numéro 34 du Poing, imprimé en avril 2021

Omar Slaouti est aussi un militant du Nouveau Parti Anticapitaliste

Le Poing : Comment s’est structurée la lutte contre l’islamophobie en France ?Omar Slaouti : En octobre 2019, Macron, qui ne s’était pas encore trop manifesté sur les questions identitaires, en appelle, en plein mouvement des gilets jaunes, à bâtir “une société de vigilance” face à “l’hydre islamiste”. Castaner traque alors les “signaux faibles” de la radicalisation islamiste comme, par exemple, le port soudain d’une barbe… Toujours en octobre 2019, deux hommes sont blessés par les tirs d’un assaillant qui tente d’incendier la mosquée de Bayonne. On ressent un mal-être ancré chez les personnes de foi ou de culture musulmane, quelles que soient les générations. C’est dans ce contexte que naît l’idée d’organiser, à Paris, une mobilisation le 10 novembre 2019, portée par les premiers concernés. Vingt mille personnes ont répondu à l’appel, dont beaucoup de primo-manifestants, venus en famille. Des syndicats, des partis et des associations se sont impliqués pour la première fois dans la lutte contre l’islamophobie, terme qui s’est imposé dans le débat. Cette mobilisation historique pour les luttes antiracistes a créé un immense élan de dignité.

Marche contre l’islamophobie, le 10 novembre 2019 à Paris (capture d’écran d’une vidéo publiée par Line Press)

À l’extrême-gauche, entre autres,…

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Auteur: Le Poing