Nous avons déjà publié de nombreux articles sur Javier Milei, cette figure improbable de « premier président liberal libertarien » argentin. Par-delà l’excentricité du personnage et la stupéfaction quant à son élection, reste la question de savoir s’il parviendra à « réformer » le pays par une cure d’hyper austérité et de représsion. Alors qu’il a déjà promulgué un « mégadécret » qui abroge ou modifie plus de 300 articles et transmis au congrès un projet de loi de 183 pages, la dernière inconnue reste l’opposition de la rue malgré des mesures repressives inédites (3 ans et demi de prison ferme en cas de blocage de la circulation, suspension des aides sociales pour celles et ceux qui manifestent, proposition de faire payer la charge du maintien de l’ordre aux organisateurs, etc.) Pour y voir plus clair et appréhender le temps long, Jérémy Rubenstein nous propose de tenir, depuis Buenos Aires, un carnet régulier qui racontera le quotidien argentin. En voici le premier volet.
Le cercueil d’Herminio Iglesias
Parmi les vérités journalistiques invérifiables, il est dit que la campagne électorale de 1983 s’est jouée sur un symbole. Un cercueil en carton aux couleurs, blanc et rouge, de la UCR (le parti radical) est brûlé par Herminio Iglesias, lors du dernier acte de campagne des péronistes. Iglesias est alors le candidat pour gouverneur de la Province de Buenos Aires. Par cet acte, ou performance, il confirme tout ce que le candidat du parti adverse, le radical Raul Alfonsín, ne cesse de suggérer : le péronisme représente la violence dont le pays souhaite sortir. Ce sont les premières élections après sept ans de la dictature la plus sanglante du XXe siècle argentin et une quinzaine d’année durant lesquelles la violence explicite a occupé une place centrale dans la politique.
La société ne veut plus de cette violence, elle rejette l’acte d’Herminio Iglesias.
Vrai ou pas, c’est…
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Auteur: dev