Une lanceuse d’alerte condamnée à 125 000€ d’amende pour avoir révélé des pesticides dans des vins certifiés HVE

Jeudi 25 février, le tribunal de Libourne (Gironde) a condamné Valérie Murat, porte-parole de l’association « Alerte aux toxiques », à verser 125 000 euros de dommages et intérêts au Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux ainsi qu’à d’autres plaignants, pour « dénigrement collectif à l’égard de la filière ». L’avocat de la lanceuse d’alertes dénonce une « procédure-bâillon » et compte faire appel.

Porte-parole de l’association girondine Alerte aux toxiques, fondée en 2016 pour « lever le secret » sur les « produits chimiques de synthèse et les risques » qu’ils font encourir, Valérie Murat vient de subir, jeudi 25 février, un premier revers judiciaire qui n’est pas sans rappeler le traitement que notre justice réserve aux lanceurs d’alertes.

Tout remonte à septembre dernier. Au beau milieu de la période des vendanges, Alerte aux toxiques publie sur son site internet les résultats d’analyses chimiques de 22 bouteilles de vins certifiés Haute valeur environnementale (HVE).

Créé en 2012, ce label dont bénéficient plus de 8 200 exploitations (parmi lesquelles 82 % de vignerons) garantit au consommateur que les produits sont issus d’exploitations qui « respectent l’écosystème naturel et réduisent au minimum la pression sur l’environnement », indique le ministère de l’Agriculture.

En théorie, les producteurs doivent obtenir un certain nombre de points sur quatre grandes thématiques (biodiversité, stratégie phytosanitaire, fertilisation, gestion de l’eau) pour décrocher la certification.

Mais en pratique, celle-ci n’interdit pas l’usage de produits chimiques ni l’élevage industriel, loin de là. Très facile à décrocher, elle constitue « un écran de fumée », comme l’explique une enquête du magazine Basta ! (décembre 2020).

Millésimées de 2015 à 2019 et provenant en majorité de domaines bordelais, les 22 cuvées passées au crible par Alerte aux toxiques contenaient toutes entre 4 et 15 résidus de pesticides de synthèse, ainsi qu’un cocktail de perturbateurs endocriniens.

Onze d’entre elles renfermaient au moins une molécule CMR (cancérigène, mutagène, reprotoxique) et neuf des traces de folpel, un fongicide couramment employé sur les vignes malgré sa nocivité.

Les laboratoires Dubernet, à l’origine des analyses, notaient toutefois que les concentrations étaient « très largement inférieures » aux limites maximales de résidus autorisés par la loi.

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Auteur: Augustin Langlade