Une liberté à deux vitesses

« Je comprends très bien l’importance du métier de journaliste, mais, pour être honnête, nous avons eu des soucis par le passé, et le climat actuel n’arrange pas les choses… » Après plusieurs messages restés sans réponse, je me suis résolue à aller toquer directement à la porte de l’école privée La Plume, profitant d’un passage dans la zone logistique et commerciale du sud de Grenoble.

Coup de bol : Stéphanie Verscheure, la directrice, accepte gentiment de discuter avec moi sur le perron de son établissement qui, de l’extérieur, n’a rien de particulier. « Il y a quelques années, un journaliste s’est présenté. Il était très avenant, alors je lui ai fait visiter nos locaux sans me méfier. Mais il n’a publié qu’une seule photo : celle d’une petite fille voilée, qui a fait scandale. Or, c’est interdit dans notre école ! J’étais justement en train de me battre à ce sujet avec les parents de la fillette – qui ont fini hélas par la retirer de l’établissement.  »

Car l’école La Plume n’est pas n’importe quelle école privée hors contrat. Ouverte en 2001 dans un des quartiers les plus pauvres de Grenoble, c’est la plus ancienne école musulmane de France métropolitaine et elle accueille aujourd’hui sept classes de maternelle et d’élémentaire, soit 150 élèves environ. « Le besoin de lancer cette école s’est imposé à moi quand des enfants de mon entourage ont commencé à utiliser des insultes extrêmement grossières après seulement quelques jours à l’école publique du secteur [1]. Il fallait les protéger de tout cela », témoigne la directrice, qui raconte être une convertie issue d’une famille très cosmopolite. « Ma sœur est catholique, mon frère est agnostique, en couple avec une Algérienne non pratiquante… C’est cet esprit de bienveillance et de tolérance que je veux transmettre dans mon école. »

Comme La Plume, une centaine d’écoles…

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Auteur: Anna Lochard