Une machine à âme comprimée

Cet été, dans une gendarmerie camouflée en « centre culturel », Leïla Chaix que nos lectrices et lecteurs connaissent bien, a animé un atelier artistique pour des enfants du CE2 au CM1 autour de l’oeuvre de Jean Dubuffet. Comme chacun pouvait s’y attendre, rien ne s’y est passé comme il fallait : enquête.

L’institution bourgeoise tue
elle tue l’envie
elle tue la flamme
elle tue toute capacité à prendre des risques
à se mettre au risque des autres, avec les autres

L’institution néolibérale capitaliste tue
elle transforme les personnes en chiffres, en pions
et les enfants en vidéos
elle craint les mauvais commentaires
elle lisse les comportements
elle interdit l’mot interdire
elle se prétend « open minded »

et censure comme une dératée, elle discipline et elle contrôle,
et appelle ça éducation

elle voit les gens comme une masse informe, hystérique
super débile

L’institution ultralibérale autoritaire
est une machine qui réprime l’âme
UNE MACHINE À ÂME COMPRIMÉE

J’écris cela parce que j’ai subi une intervention « policière », d’évaluation diagnostique des résultats qu’avait donné un atelier que je faisais avec des enfants cet été. J’avais donc été embauchée par un musée municipal, d’une ville de droite, et devait donc œuvrer dans le CADRE d’un dispositif fort chelou : qui s’appelle C’EST MON PATRIMOINE. Tout cela autour d’une exposition Dubuffet, donc Art brut et compagnie.

Le monde a le sens de l’humour, car les locaux du Centre Culturel dans lequel j’étais sensée bosser, étaient une vieille Gendarmerie refaite à neuf et transformée. Sur le devant du bâtiment, la devanture « gendarmerie » n’a jamais pue être retirée, ils n’ont pas eu le droit de l’enlever, question de patrimoine, justement, une loi de bâtiment classé, ou autre chose. Le « G » a été abimé, ce qui fait qu’on peut encore bien lire : CENDARMERIE. La vie est bien faite, réellement. Ils ont ajouté par dessus, sur le mur beige jaunâtre affreux, à la peinture grise et discrète : CENTRE CULTUREL. On peut donc lire CENDARMERIE, CENTRE CULTUREL. Un bégaiement plutôt bienvenu, faut l’avouer. Un gros cendard, un cendrier, une prison pour cendrillons, ça fait rêver.

Moi, naïvement, en chemin pour y avec le lundi, accompagnée par les enfants, je leur disais – voyant leurs peurs, leurs rires, leurs questionnements : « mais enfin les enfants, hihi, il n’y a plus de gendarmes ici ! ».

Je ne savais pas encore qu’en fait, il y en avait…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin