Une maternité plus « naturelle »… mais mamans sous pression

[2/2 Maternage proximal] L’allaitement long à la demande, le « cododo » et le portage font de plus en plus d’adeptes chez les jeunes parents, notamment dans les milieux écologistes. Reporterre s’intéresse aux origines de ces pratiques, à leurs avantages et leurs limites. Le premier volet de l’enquête est ici.
— 

Tout n’est pas rose layette ou rouge révolutionnaire dans le « maternage proximal ». Les difficultés sont réelles, avec, dans de nombreuses situations, une charge mentale supplémentaire pour les mères « maternantes ». Julie, rédactrice à Paris et mère d’une petite Lila de bientôt quinze mois, l’a constaté depuis la naissance de sa fille : « Je suis membre d’un groupe de discussion de mamans qui ont toutes accouché le 17 mars 2020 et avec qui j’échange quasiment tous les jours, raconte-t-elle. Régulièrement, mon mec et ceux de mes amies nous demandent des nouvelles de ce groupe. Mais il ne leur viendrait pas à l’idée d’en faire autant ! » En matière de maternage et plus largement d’éducation, même si les pères adhèrent et soutiennent la démarche, ce sont quasiment toujours les mères qui questionnent et cherchent l’information, constate Julie. Les chiffres ne la démentent pas : d’après une enquête de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) parue en 2015, les femmes effectuaient en 2010 la majorité des tâches ménagères et parentales — respectivement 71 % et 65 %.

Pire, le maternage proximal pourrait être le cheval de Troie d’un modèle familial traditionnel voire réactionnaire. « Mon ancien chef et sa femme étaient à fond dans ce modèle parental et tout le reste : elle a accouché à la maison, ils ont gardé le placenta, etc., se souvient Élise. Par ailleurs, c’était un couple “à l’ancienne” : lui travaillait, elle restait à la maison s’occuper des enfants. J’avais l’impression que le maternage leur servait à justifier ce modèle. » « Il y a un milieu où les femmes sont revenues à des valeurs traditionnelles qu’elles essaient de valoriser sur les réseaux sociaux, en disant “Regardez tout le mal que je me donne pour les miens”, enchérit Doriane. Face au manque de reconnaissance de la société, des femmes ont fait de l’allaitement et du cododo leur combat dans lequel elles arrivent à tenir parce qu’elles s’autocongratulent et se félicitent entre elles. »

Le danger : que le maternage devienne une nouvelle norme

Par ailleurs, la pression peut devenir forte pour…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Émilie Massemin (Reporterre) Reporterre