Une nouvelle piste de recherche pour faciliter l’administration des chimiothérapies

En 2040, le cancer pourrait toucher 30,2 millions de personnes dans le monde et donc devenir la principale cause de décès prématuré (entre 30 et 69 ans) dans la plupart des pays, selon le Centre international de recherche sur le cancer. Quant à l’OMS, elle prévoit une augmentation de 60 % des cas de cancer au cours de deux prochaines décennies, particulièrement dans les pays émergents.

Les traitements de ce fléau reposent généralement sur la chirurgie, la radiothérapie et/ou un traitement systémique comme la chimiothérapie. Principalement administrées par voie intraveineuse (IV), les chimiothérapies sont des traitements lourds et contraignants qui nécessitent des hospitalisations, généralement toutes les une à trois semaines pendant plusieurs heures.

Cette voie d’administration génère aussi beaucoup d’inconfort pour les patients et un besoin important en personnels qualifiés car elle nécessite l’utilisation d’une voie veineuse centrale avec la pose d’une chambre implantable (petit boîtier placé sous la peau branché à un cathéter lui-même placé dans une grosse veine, généralement la veine cave supérieure), ou d’une perfusion veineuse périphérique (cathéter généralement implanté dans la veine du bras).

Un dernier point et non des moindres, est le coût financier engendré par cette logistique complexe ; une dépense qui ne fera qu’augmenter avec le vieillissement de la population, mettant ainsi à rude épreuve nos systèmes de santé.

Vers une administration sous-cutanée ?

C’est ce constat qui nous a amenés à réfléchir à une alternative à l’administration des chimiothérapies par voie intraveineuse. Une solution qui se voudrait à la fois plus simple à pratiquer et plus confortable pour le patient, mais tout aussi efficace pour traiter la maladie.

La voie orale représente intuitivement la voie d’administration idéale, notamment en raison de sa simplicité (ingestion de gélules). Mais, survivre au tractus gastro-intestinal et traverser la barrière intestinale sont des obstacles majeurs à franchir pour un médicament administré de la sorte, ce qui conduit généralement à une biodisponibilité (proportion d’un principe actif qui atteint la circulation sanguine) relativement faible et variable. De plus, des problèmes d’observance (respect des prescriptions d’un médecin par le patient) font qu’elle n’est que très peu utilisée pour le traitement du cancer où un dosage précis du médicament est nécessaire.

La voie sous-cutanée présente quant à elle des caractéristiques très avantageuses par rapport à la voie intraveineuse. Elle est en effet facilement praticable car le geste est simple à réaliser et peut être administrée sans hospitalisation, à domicile, voire par le patient lui-même. On peut par exemple faire le parallèle avec les personnes atteintes de diabéte qui s’auto-administrent leur insuline au moyen d’une petite pompe portative.

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Elle est cependant impraticable à ce jour avec la plupart des principes actifs anticancéreux. Ces molécules sont en effet le plus souvent soit irritantes, soit vésicantes (elles peuvent provoquer des lésions). Par ailleurs, du fait de leur faible solubilité dans l’eau, elles vont avoir tendance à stagner au niveau du tissu sous-cutanée après administration et à provoquer des ulcérations (plaies cutanées souvent profondes), voire des nécroses (mort des tissus) de la peau à cause de leur forte toxicité.

Il n’y a en effet à l’heure actuelle que neuf principes actifs anticancéreux approuvés pour l’administration sous-cutanée et aucun d’entre eux n’est irritant ou vésicant, ce qui met en lumière l’impasse concernant l’administration sous-cutanée de ce type de principes actifs anticancéreux.

Une solution basée sur la nanomédecine

L’application des nanotechnologies à la médecine, plus connue sous le nom de nanomédecine, offre depuis quelques décennies tout un arsenal de vecteurs nanoparticulaires (liposomes, nanoparticules organiques/inorganiques, etc.) capables de véhiculer des molécules de principe actif dans l’organisme afin d’en améliorer l’efficacité thérapeutique et d’en diminuer les effets secondaires.

Cependant, aucun d’entre eux n’a…

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Auteur: Julien Nicolas, Directeur de recherche au CNRS, Université Paris-Saclay