Une pandémie, une guerre… et rien ne change

Au début du Covid-19, on a pensé que rien ne serait plus comme avant. La pandémie venait confirmer l’extrême dangerosité des politiques de destruction environnementale, l’invisibilité des métiers essentiels, la casse de l’hôpital, les effets néfastes de la mondialisation, nos vulnérabilités. Sous l’inquiétude générée par l’épidémie et ses effets, on sentait sourdre un vague espoir. Celui, largement commenté depuis, d’un « monde d’après » où le capitalisme dévastateur ne repartirait pas comme avant. Et tout a continué, en pire.

La guerre contre l’Ukraine vient à son tour ébranler le monde et je reste sans mots depuis quelques semaines. Coite, littéralement, ne sachant pas formuler d’expression affligée, agacée, ni acerbe sur les réseaux. Je me contente d’observer, les yeux écarquillés, cette nouvelle irruption surréaliste, dans sa nature comme dans ses effets, de la guerre contre l’Ukraine dans l’actualité. J’ai déjà utilisé, depuis deux ans, tant d’images pour décrire ce sentiment d’absurdité — ou d’étrange familiarité —, qu’il devient difficile de ne pas se répéter.

J’ai pourtant repensé récemment à un film que je n’ai pas encore mentionné, Another Earth. Contrairement au Don’t look up commenté ad nauseam, ce n’est pas une météorite tueuse que l’on y découvre dans le ciel, mais une seconde Terre, dupliquée il y a des millions d’années. Une autre Terre en tous points pareille à la nôtre, sur laquelle vivent nos doubles — d’authentiques « autres-soi » présentant le même visage et la même identité, mais évoluant dans une dimension parallèle. J’ai parfois l’impression d’y avoir été propulsée.

Dans l’autre monde ouvert par la guerre contre l’Ukraine, on accueille les réfugiés fuyant les conflits et on leur offre même des billets de train gratuits. On traque les biens mal acquis, on y gèle des comptes bancaires et on peut même confisquer les yachts dorés des milliardaires.

Dans cet autre monde, alors que la guerre fait monter le prix de l’essence et menace l’approvisionnement en énergie, le principal fournisseur d’électricité admet que baisser le chauffage de 1 °C « n’est pas négligeable du tout » et que « c’est une mesure qui pourrait marcher », tandis que le ministre de l’Économie déclare : « Nous allons…

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Auteur: Corinne Morel Darleux Reporterre