Une personne sur trois est infectée par le parasite causant la toxoplasmose – la piste à suivre pourrait se trouver dans nos yeux

Le Toxoplasma gondii est probablement le parasite le plus performant du monde contemporain. Cette créature microscopique est capable d’infecter n’importe quel mammifère ou oiseau, et les gens de tous les continents en sont touchés. Une fois infectée, une personne est porteuse du Toxoplasma à vie. Jusqu’à présent, aucun médicament ne permet d’éradiquer le parasite de l’organisme. Et il n’existe pas de vaccin approuvé pour une utilisation chez les humains.

On estime que 30 à 50 % de la population mondiale est porteuse du Toxoplasma – et les infections pourraient progresser en Australie. Une revue des recherches menées dans les banques de sang et les cliniques de grossesse du pays dans les années 1970 a évalué le taux d’infection à 30 %. Cependant, une récente étude communautaire en Australie-Occidentale a révélé que 66 % des personnes étaient infectées. En comparaison, on parle d’une prévalence de 60 % dans les communautés inuites du nord du Québec, comparativement à 15 % dans le reste du Canada.

La maladie causée par ce parasite peut laisser des cicatrices au fond de l’œil. Notre nouvelle étude visait à rechercher des signes de maladie chez des personnes par ailleurs en bonne santé, et a permis de constater qu’un nombre important d’entre elles portaient la marque du Toxoplasma.

Les chats ne sont pas les seuls coupables

Le chat est l’hôte primaire du Toxoplasma.

Le parasite s’installe chez les chats lorsque ceux-ci mangent des proies infectées. Ensuite, pendant quelques semaines, leurs fèces contiennent un grand nombre de parasites sous une forme qui peut survivre pendant de longues périodes dans l’environnement, même en cas de conditions climatiques extrêmes.

Lorsque les fèces sont ingérées par le bétail au pâturage, les parasites se logent dans le muscle et y survivent après que les animaux ont été abattus pour la viande. Les humains peuvent être infectés en mangeant cette viande, en mangeant des fruits et légumes frais ou en buvant de l’eau contaminée par les chats. Il est également possible pour une femme infectée initialement pendant sa grossesse de transmettre le parasite à son enfant à naître.

Bien que l’infection par le Toxoplasma soit extrêmement courante, la statistique de santé la plus importante concerne le taux d’atteinte de la maladie, la toxoplasmose, causée par l’infection.

Comment l’œil est affecté

Le Toxoplasma se plaît particulièrement dans la rétine, le tissu nerveux multicouche qui tapisse l’œil et génère la vision. L’infection peut provoquer des crises récurrentes d’inflammation de la rétine et des cicatrices rétiniennes permanentes. C’est ce qu’on appelle la toxoplasmose oculaire.

Contrairement à ce qu’on peut lire sur la toxoplasmose oculaire, la recherche médicale montre que cette maladie touche généralement des adultes en bonne santé. Cependant, chez les personnes âgées ou celles dont le système immunitaire est affaibli, ou lorsqu’elle est contractée pendant la grossesse, elle peut être plus grave.

Une crise d’inflammation active provoque des « corps flottants » et une vision floue. Lorsque l’inflammation évolue vers une cicatrisation, une cécité permanente peut survenir.

Dans une étude portant sur des patients atteints de toxoplasmose oculaire et suivis dans une grande clinique ophtalmologique, nous avons enregistré une réduction de la vision à un niveau inférieur à celui requis pour conduire dans plus de 50 % des yeux, et 25 % des yeux présentaient une cécité irréversible.

Gros plan de l’œil d’une personne

Le Toxoplasma aime particulièrement la rétine au fond de l’œil et peut laisser une cicatrice.
Unsplash/Marc Schulte, CC BY

Combien d’yeux ?

Les ophtalmologistes et les optométristes connaissent bien la toxoplasmose oculaire. Mais l’ampleur du problème n’est pas largement reconnue, même par la communauté médicale. Le nombre d’Australiens atteints de toxoplasmose oculaire n’avait jamais été mesuré, jusqu’à présent.

Notre objectif était d’étudier la prévalence de la toxoplasmose oculaire en Australie, mais nous savions qu’il serait difficile d’obtenir un financement pour un relevé majeur de cette maladie peu connue. Nous avons donc utilisé des informations recueillies dans un but différent. Dans le cadre de l’étude…

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Auteur: Justine R. Smith, Professor of Eye & Vision Health, Flinders University