Une petite histoire de la « Suge » ou comment le service de sécurité de la SNCF s’est tourné vers le marché

Vous les avez peut-être croisés au moment de partir en vacances : 2 800 agents patrouillent dans les gares et les trains, prêtent assistance lors d’opérations de contrôle des billets, enquêtent sur les vols de métaux, les tags qui ont lieu dans les emprises ferroviaires, ou les pratiques organisées de fraude de titres de transport. La SNCF est une des seules entités publiques, avec la RATP, à posséder son propre service de sécurité. On le nomme « Service de Surveillance générale de la SNCF » ou plus communément la « Suge ».

C’est à son histoire que nous nous sommes intéressés dans nos travaux. La Suge d’aujourd’hui ne ressemble plus aux agents en civil que l’on peut voir dans la bande dessinée La brigade du rail de Frédéric Marniquet, Olivier Jolivet et Sylvaine Scomazzon. Dès les années 1970, un mouvement de transformations du service s’enclenche pour se concrétiser pleinement au tournant des années 1990, les dernières réformes ferroviaires parachevant un « agencement marchand » du service de sûreté.

En effet, à l’instar d’autres services de la SNCF, la Suge s’est lentement éloignée d’une régulation de nature « civique » pour adopter une régulation de nature « marchande ». La sûreté va être progressivement conceptualisée et gérée comme un bien échangeable sur un marché, au point même que la Direction de la Sûreté de la SNCF peut aujourd’hui vendre ses services à une société concurrente telle que Trenitalia, Renfe ou Transdev.

Cette évolution, nous avons pu la retracer grâce à l’exploration de fonds d’archives inédits conservés au Centre national des archives historiques de la SNCF situé au Mans. Ils ont été éclairés par des entretiens menés auprès de chefs d’équipes et d’agents.

À l’origine, la protection des marchandises

La Suge puise ses origines dans…

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Auteur: Florent Castagnino, Enseignant chercheur en sociologie, IMT Atlantique – Institut Mines-Télécom