- Région de Bure (Meuse), reportage
Pluie, brouillard, neige, soleil. En ce long dimanche de fin d’hiver, la météo bouscule le sud meusien. Et le vent tourne aussi pour le laboratoire de l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra), qui suscite localement une opposition croissante. « Ici, c’est une zone de guerre la moitié de l’année », lâche un habitant de la commune voisine de Bure. Mais la tension prend un tour nouveau en ce mois de mars. Les municipalités concernées par l’éventualité d’enfouir dans la région les déchets très radioactifs doivent prendre position à son propos. Or elles ont pour beaucoup rendu un avis défavorable à la déclaration d’utilité publique (DUP) de l’énorme projet d’enfouissement appelé Cigeo. En tout, vingt-quatre collectivités ont été invitées à voter, dont onze communes de Meuse et Haute-Marne, deux communautés de communes, six syndicats des eaux, les conseils départementaux de Meuse et Haute-Marne, et la Région Grand-Est.
La commune de Bure est prise entre deux feux : d’un côté les opposants au centre d’enfouissement, de l’autre, l’Andra et son argent qui subventionne le territoire.
À Bure, village de 82 habitants situé au cœur même du projet de l’Andra, le résultat des délibérations est tombé le 10 mars : c’est un « non » à l’unanimité, justifié par les nombreuses insuffisances de la DUP relevées par le conseil municipal. « La DUP minimise les risques encourus par le rejet des eaux de Cigéo […]. Cigéo s’approprie les routes, les chemins, sans concertations ni avis », indique le texte de la décision qu’a pu consulter Reporterre. Il s’agit d’une décision historique pour la municipalité, qui avait voté favorablement à l’installation du laboratoire de l’Andra, vingt ans plus tôt.
« C’est la première fois que notre avis compte »
Le village de Bure n’est pas seul à défier l’Andra. Mandres, Horville, Ribeaucourt, le Pays Barrois, plusieurs syndicats des eaux et assainissement : tous ont manifesté leur avis défavorable à la demande d’utilité publique (DUP) du projet. À Mandres (124 habitants), c’est même à l’unanimité que le conseil municipal a émis un avis négatif. « Je n’ai pas demandé à mes administrés de voter pour ou contre le projet Cigéo, dit le maire à Reporterre, mais en fonction de l’état actuel des connaissances autour du projet. Et le résultat est clair : il y a encore beaucoup trop de questions sans réponses. » Parmi les questions que se…
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Auteur: Quentin Zinzius Reporterre