Une semaine après l'incendie, le désarroi des agents de l'OFB

Granville (Manche), correspondance

« Une cellule psychologique avait été annoncée, mais, au final, la psychologue de l’OFB est venue une seule journée ici. » Une semaine après l’incendie qui a ravagé le bâtiment de l’Office français de la biodiversité (OFB) à Brest, cette confidence d’un agent, resté anonyme, traduit bien le sentiment général actuel au sein du siège national de la police de l’environnement. Si quelques associations ont soutenu les salariés de l’OFB, les politiques ont en revanche été plus rares et la grogne monte face à cette absence de prises de position, notamment au sommet de l’État. « Hier encore [le 6 avril], le préfet a beaucoup mieux protégé sa préfecture des manifestants contre la réforme des retraites », lâche un autre agent, toujours anonyme. Les agents du pôle mer de l’OFB à Brest, eux, n’ont pas le sentiment d’avoir été soutenus.

Pourtant, la semaine a été rude pour eux. Le 31 mars, au lendemain d’une manifestation de pêcheurs inquiets pour l’avenir de leur filière — ayant rassemblé près de leur bâtiment environ 700 travailleurs de la mer —, un incendie a grandement ravagé leurs bureaux. « Le responsable du site a donné le chiffre de 300 fusées de détresse tirées sur notre bâtiment le 30 mars, déplore Sylvain Michel, représentant syndical à l’OFB. Il y en a eu des dizaines voire des centaines, dont certaines directement sur notre bâtiment, en plus d’un feu allumé en face. »

En plus de ce déchaînement de projectiles, un incendie s’est déclaré le lendemain dans ce bâtiment emblématique de Brest, qui est l’ancienne capitainerie du port datant de 1902 et fut le siège de la feue Agence des aires marines protégées. Vers 6 heures du matin, les combles ont brûlé, mobilisant 29 sapeurs-pompiers et 6 marins-pompiers de la ville bretonne. La toiture étant entièrement détruite, l’eau utilisée pour enrayer les flammes a endommagé le deuxième étage du bâtiment. Le rez-de-chaussée, lui, où sont notamment situés les systèmes informatiques et les bases de données de l’administration, a vu son sol recouvert d’eau.

Si l’enquête judiciaire ouverte par le parquet de Brest devrait déterminer la cause de l’incendie, beaucoup de voix s’élèvent en interne sur un laisser-faire des forces de police face au mitraillage en règle lors de la manifestation du 30 mars. « Visiblement, la police n’a pas cherché à s’opposer et a même reçu l’ordre de laisser faire, fait savoir un autre agent de l’OFB, sous couvert d’anonymat. C’est clairement ce que le préfet a dit à l’un de mes collègues qui était sur place lundi matin [le 3 avril]. Une dizaine de policiers étaient présents…

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Auteur: Guy Pichard Reporterre