Une Zad peuplée d'animaux, emprise sur Macron, arbres calcinés… À lire, à voir en mars

BD

L’Arche de Néo

C’est l’histoire de Néo, un cochon qui vit dans une Zad, véritable arche de Noé des animaux mal aimés. Leur vie tranquille bascule une nuit où les policiers viennent déloger les occupants. Néo s’enfuit alors en compagnie de Renata, la vache laitière, Bruce, bœuf des Highlands, Ferdinand, la poule qui se prend pour un coq et Soizic, la brebis bretonne. La petite troupe tente de survivre loin du confort de leur ferme et surtout d’échapper aux policiers qui veulent les envoyer à l’abattoir. Cette fresque rocambolesque et anthropomorphique est un audacieux plaidoyer antispéciste. Les scènes de mise à mort sont encore plus poignantes que des vidéos de L214 sans pour autant verser dans la culpabilité. Cette BD nous invite à repenser notre rapport aux autres espèces avec humour et dérision.

L’Arche de Néo, Tome 1, de Stéphane Betbeder (scénario) et Paul Frichet (dessinateur), éditions Glénat, mars 2019, 64 p. 15,50 euros ; tome 2, février 2021.

LIVRES

Méfiez-vous des femmes qui marchent

Voici un livre original : il raconte au travers de passionnantes enquêtes biographiques le destin de six femmes créatrices dont l’épanouissement doit beaucoup à la randonnée en pleine nature. Parmi les plus célèbres, Simone de Beauvoir (1908-1986), qui a fortifié son indépendance et sa joie de vivre des années durant en arpentant seule les collines et forêts de Provence, avant d’écrire son retentissant Deuxième Sexe (1949). Ou l’Écossaise Nan Shepherd (1893-1981), qui devint avec La Montagne vivante, dialogue avec cette chaîne des Cairngorms dont elle était toquée, une autrice pionnière de la littérature des grands espaces (nature writing).

Toutes, célèbres ou pas, ont risqué la « mauvaise rencontre » par goût de ce sentiment intense de liberté que procure la marche en milieu sauvage, ce sentiment si grisant qu’il aide à s’affranchir des enfermements divers, familiaux, amoureux ou, plus simplement, permet de mettre de l’ordre dans ses émotions, ses idées. L’auteure, élevée dans l’amour de la nature « comme l’Émile de Jean-Jacques Rousseau », parle aussi bien du cheminement intérieur de ces femmes que des bienfaits de telles échappées sauvages : en favorisant à la fois le regard panoramique et le sentiment d’enracinement, en nourrissant la marcheuse de phytoncides, elles l’encouragent à suivre sa propre route.

Méfiez-vous des femmes qui marchent, de Annabel Abbs, éditions Arthaud, septembre 2021, 435 p. 21,50 euros.

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Auteur: Reporterre