Basta! : « Notre maison brûle et nous regardons Netflix » déplorez vous dans votre dernier ouvrage Déclarer l’état d’urgence climatique, « comme si la réalité que nous dépeignent les climatologues était une fiction ». Dans quelle mesure le Rassemblement national participe t-il de ce climato-relativisme ?
Aurélien Boutaud ©DR
Aurélien Boutaud : Le RN ne s’est jamais vraiment intéressé à l’écologie, encore moins au climat. Certains élus RN sont climatosceptiques, d’autres considèrent que les membres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) « exagèrent » alors que c’est exactement le contraire. Ce qu’on peut reprocher au Giec, c’est sans doute d’avoir été trop prudent et précautionneux dans ses messages par le passé.
Le discours du RN consiste à dire : « même s’il y a un problème, ce n’est pas si grave ni si urgent que ça ». Cela participe à relativiser l’urgence en prétendant qu’« on a le temps ». C’est ce que j’appelle le gradualisme climatique, qui est très fort au sein du RN. C’est une manière pour ce parti de détourner l’attention vers d’autres sujets, alors que ce qui devrait occuper toute notre attention, c’est l’urgence climatique et la transition écologique.
Au niveau actuel du réchauffement climatique, à +1,1 °C environ par rapport à l’ère préindustrielle, la planète est susceptible de passer cinq « points de bascule », c’est-à-dire un seuil critique au-delà duquel un système peut changer de manière abrupte et irréversible, comme la disparition de la calotte glaciaire du Groenland et de celle de l’Antarctique de l’Ouest ; le dégel des sols gelés en permanence ; la disparition des coraux ; et la perturbation de la circulation océanique dans l’Atlantique Nord. Sur quelle trajectoire nous mènerait l’attentisme du Rassemblement national ?
L’application du programme du…
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Auteur: Sophie Chapelle