Dans un de ses derniers reportages, Enquête exclusive, une des émissions les plus populaires de la télévision française, proposait aux téléspectateurs le sujet suivant : « Urgence climatique : quand la jeunesse se radicalise ». L’émission promettait de présenter les modes de mobilisation des militants écologistes contemporains :
« Ils bloquent des autoroutes, aspergent de soupe des œuvres d’art ou crèvent les pneus des véhicules 4×4. Ces militants écologistes d’un nouveau genre sont prêts à tout pour faire entendre leur voix face à ce qu’ils appellent l’inaction climatique ».
« L’inaction climatique » – sous-entendue, des pouvoirs publics – est attribuée ici au discours des militants, permettant à la chaîne de maintenir l’idée à distance. « L’urgence climatique » est, en revanche, présentée comme une évidence, qui n’a pas besoin d’être attribuée à un locuteur quelconque. Elle fonctionne comme un référent social : l’équipe de journalistes part du principe que tout le monde comprend ce que cela signifie et adhère à cette idée.
Pourtant, l’« urgence climatique » n’est pas le « réchauffement », le « changement » ou le « dérèglement climatique », l’expression dépasse la simple description du phénomène : l’idée de l’urgence donne à l’expression une valeur performative. Plus concrètement, parler d’urgence climatique c’est postuler l’urgence à agir.
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Comment l’expression s’est-elle démocratisée ? Que dit-elle de notre rapport à l’action environnementale ? Invoquer sans cesse « l’urgence climatique » a-t-il permis le passage à l’action présupposé par…
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Auteur: Iris Viloux, doctorante au Centre d’Analyse et de Recherche Interdisciplinaire sur les Médias (CARISM), Université Paris-Panthéon-Assas