Usines à Fos-sur-Mer : les « sacrifiés de la pollution » se battent en justice

Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), reportage

« Déboutée » : la sentence est tombée sur le smartphone des avocats à 11 heures, le 7 avril dernier, au tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence. Karine Pithon, qui a habité dix ans à Fos-sur-Mer dans l’inquiétude permanente des conséquences de la pollution industrielle sur sa santé et celle de ses deux enfants a perdu. « Par cette décision, vous reconnaissez que les habitants de Fos sont les sacrifiés de la pollution », s’est exclamée l’avocate Me Julie Andreu. Dans leur jugement, les trois magistrats écrivent : « La qualité de l’air dans la région de Fos-sur-Mer est la conséquence de choix effectués au fil des années par les acteurs publics et privés. Il s’en déduit que les troubles dont se plaint aujourd’hui Madame Pithon sont la conséquence prévisible et donc normale des choix de société effectués depuis plusieurs décennies, et qu’ils doivent donc être considérés comme ne présentant aucun caractère anormal. » Le trouble existe aux yeux des juges, mais il est « acceptable ».

Trois des entreprises de cette zone industrielle aux 200 usines, l’une des plus grandes d’Europe, sont accusées de pollution : ArcelorMittal, Dépôts pétroliers de Fos (DPF) et Esso. Industriels et habitants s’affrontaient début avril pour la première fois devant un juge et ses deux assesseurs. Ceux qui rejettent des substances dangereuses (dioxine, benzène, plomb, composés organiques volatils, particules fines…) contre ceux qui les respirent. Un collectif de quatorze habitants a entamé une procédure au civil en 2019 pour « trouble anormal de voisinage ». Il y a une seule affaire mais huit audiences, étalées tout au long de l’année 2022.

L’avocate des quatorze citoyens, Me Julie Andreu, confie qu’elle n’a jamais connu une situation pareille. « Le fond du dossier, les arguments sont les mêmes pour chaque cas, explique-t-elle à Reporterre. Le juge a pourtant décidé de le traiter en plusieurs dates et de donner ses décisions au fur et à mesure. »

Le 7 avril dernier, au moment où l’avocate apprenait une première défaite, le tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence étudiait le deuxième dossier, celui de Sylvie et Toumi Anane, habitants de Fos depuis des décennies. Délibéré prévu le 2 juin.

« Notre but, c’est pas que les usines ferment. On tient à nos emplois »

Le couple Anane n’était pas assis sur les bancs en bois de la salle d’audience. Sylvie est décédée en novembre dernier, à 58 ans, à la suite de…

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Auteur: Reporterre