Utiliser les médias pour se défendre ?

Au moment où l’État renoue avec l’anti-terrorisme comme outil de répression des luttes sociales, il semble nécessaire de contribuer à l’analyse des mécanismes que l’antiterrorisme implique et de participer à la construction d’une critique. Des textes décortiquant l’outil antiterroriste, le rôle des médias et la construction de l’ennemi·e intérieur·e nous semblaient manquer, ou du moins dater.

Nous traiterons ici des liens entre médias, justice et État dans leur construction de la figure de l’ennemi·e intérieur·e.

La posture face aux médias fait encore et toujours débat dans les milieux « anti-autoritaires ». Leur supposée position de neutralité font qu’il nous arrive de vouloir nous en servir pour opposer un discours aux constructions judiciaires. Nous souhaitons avec ce texte analyser ce qu’implique le recours aux médias, mais aussi donner des outils pour permettre aux collectifs et individus de se protéger un peu si’illes font ce choix.

Le « nous » dont il est question dans ce texte est tour à tour le « nous » des quelques un·es qui ont rédigé ce texte, et le « nous » des milieux « anti-autoritaires » (que nous ne tenterons pas ici de définir plus précisément) visés par les instructions antiterroristes.

Sommaire :

I. Du journalisme de Préfecture à l’antiterrorisme, la construction du récit judiciaire

II. Mediapart, média camarade ?

III. L’outil médiatique et la construction de l’ennemi·e intérieur·e

IV. L’usage des médias dans la préparation d’une défense

V. Quelques conseils face aux médias

I. Du journalisme de Préfecture à l’antiterrorisme, la construction du récit judiciaire

Nous allons commencer par une histoire. Elle débute avec une rencontre entre un·e journaliste et sa source dans un café près du tribunal, ou alors un coup de téléphone matinal au bureau du quotidien local, à moins que ce ne soit une visite dans les bureaux du commissariat. La source déroule son récit. Un fait divers, un vol, une perquisition, une saisie de drogue… Le rituel est immuable. On s’y raconte un scénario. Il y a des victimes, un lieu, une chronologie, un mobile, des coupables. Les faits sont établis, de ces quelques éléments le journaliste va élaborer un article au dénouement que les destinataires finaux (l’auditrice, le lecteur, etc) interpréteront plus ou moins librement. Avec le sourire ou tremblant de peur. Puis on tourne la page, en attendant la prochaine histoire. Ou alors on guette une éventuelle suite, le récit n’étant pas si…

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Auteur: IAATA