Vaccinoscepticisme : une opinion ?

La pandémie de Covid-19 a fait quelques victimes collatérales, à commencer par la raison. Les plateaux de radio et de télévision, les tribunes de presse écrite ont été littéralement envahis par des spécialistes inhabituels, essentiellement des médecins. De cette apparition, on aurait en toute bonne logique pu s’attendre à une information du public et à une meilleur compréhension des problèmes sanitaires. Au lieu de cela, ce fut une cacophonie, les spécialistes se contredisant les uns les autres avec des propos peu amènes qui ont donné une vision surprenante du milieu médical. Beaucoup ont semblé découvrir avec émerveillement les délices de l’exhibition médiatique.

Lire aussi Philippe Descamps, « Une médecine sous influence », Le Monde diplomatique, novembre 2020.

Les néophytes ont une vision très idéalisée de la découverte scientifique, pour ne pas dire de la production de la vérité, laissant peu de place aux controverses et encore moins aux luttes à couteaux tirés comme aux haines qui parcourent les milieux scientifiques — comme tous les autres et peut-être davantage. Cruelle désillusion s’agissant de la couverture du Covid ! Des gens bardés de diplômes, aux titres ronflants et au sérieux parfois pontifiant, s’énervaient en se contredisant et se contredisaient en s’énervant. Pour beaucoup, la vérité cependant ne se divise pas. Si les maîtres de vérité, comme on appelait les devins grecs, ne sont pas d’accord, c’est donc que quelqu’un se trompe. À moins qu’ils n’opposent que des opinions… Faute de compétence pour juger, une bonne partie des profanes n’a donc pas arbitré mais renvoyé dos-à-dos des opinions. S’ils choisissaient un camp, c’était celui d’une opinion. Et s’ils n’en choisissaient pas, c’était pour se tenir dans une position neutre de scepticisme. La force de cette posture très fréquente repose sur ce que le sociologue Richard Hoggart a nommé le « cynisme populaire » : ceux qui sont maintenus en dehors des luttes et rivalités les considèrent avec distance sceptique et, par une sorte de correction d’optique, avec…

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Auteur: Alain Garrigou