On est parfois tenté de biologiser l’histoire, d’y voir des récidives et des cycles de maladies. Mais depuis un certain temps, on a envie de la psychiatriser. La dissolution de l’Assemblée nationale a fait remonter cette question essentielle : la politique, celle du macronisme, est-elle une perversion narcissique ? Quoi qu’il en soit, il faut rappeler cet avertissement de Racamier : « il n’y a rien à attendre de la fréquentation des pervers narcissiques, on peut seulement espérer s’en sortir indemne ».
Il y a cent ans venait au monde Paul-Claude Racamier (1924-1996 ), psychanalyste et psychiatre très estimé, arpenteur des « plus étranges contrées de la psyché » (ce sont ses mots) mais que la postérité n’a pas gratifié d’une renommée à la hauteur de son apport conceptuel. A lui, pourtant, revient l’invention de l’antoedipe et de l’incestuel (entre autres), et surtout de la perversion narcissique, laquelle est -peut-être- de nature à éclairer la scène politique à l’heure où deux mots sont partout. Sidération. Chaos. On connaît grâce à Racamier les contours précis de la perversion narcissique, et la finesse d’un concept (par delà son utilisation parfois folklorique) qui désigne une préoccupation inconsciente, constante, féroce, d’évacuer de soi, pour le faire couver ailleurs, son propre chaos intérieur. Ce qu’on sait moins, c’est que ce virtuose avait initié une réflexion sur les groupes et les institutions possiblement gagnés par ce mal. Pour qui connaît son travail, une question est là, dérangeante, vertigineuse, que l’on pousserait volontiers sous le tapis ; et puis non. On a plutôt appelé lundimatin, et la voici : se pourrait-il que la Ve République en tant qu’institution soit l’objet d’une offensive perverse narcissique impossible à nommer ? (Qui, dans sa bibliothèque, a des livres de Racamier entre les Pinçon-Charlot et Spinoza ?) Pour tenter d’y…
La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: dev