« Veilleuse du Calvaire » : Haïti en pente raide

La première sélection du Goncourt a été rendue publique la semaine dernière, et pour la énième fois Lyonel Trouillot n’y figure pas. Le jury, qui compte, faut-il le rappeler, des pointures littéraires telles que Françoise Chandernagor, Tahar Ben Jelloun, Éric-Emmanuel Schmitt ou Pascal Bruckner, préfère le calibre bonsaï écriture d’appartement ou le bon vieux roman à la papa à des textes qui, tout en libérant les puissances de la littérature, continuent avec appétit à interroger celles-ci. Des textes qui puisent dans la matérialité d’un pays – Haïti en l’occurrence – et la vie de ses habitants pour créer une langue à la fois collective et singulière.

Cette colline raconte Haïti et Haïti raconte une grande partie du monde.

Tel est le nouveau roman de Lyonel Trouillot, Veilleuse du Calvaire. L’auteur de Bicentenaire aime les paraboles pour raconter Haïti ou Port-au-Prince. Ici, c’est l’histoire d’une colline, dite « du Calvaire », où règne la présence invisible d’une femme (ou de plusieurs en une), la Veilleuse, témoin de tout ce qui s’y passe et l’une des narratrices. Veilleuse du Calvaire est un roman au féminin ; ce n’est pas une première chez Trouillot, où les femmes tiennent des rôles importants (1).

« Ils étaient libres, les premiers corps qui sont montés au sommet de la colline. Et puis sont venus les chasseurs, les arpenteurs, les notaires, les banquiers, la loi, le pouvoir, l’ordre, la bienséance, la torture, le viol, les conventions. » Voilà en deux phrases résumée la suite de calamités qui se sont abattues sur ce lieu. Ajoutons la dictature, pour être complet. Pas si original, hélas. Cette colline

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Auteur: Christophe Kantcheff