Vent d'Ouest, le meilleur de Jean-Luc Godard

En mai 2018, à la veille de l’ouverture du festival de Cannes et de la présentation du dernier film de Jean-Luc Godard, lundimatin publiait à la surprise générale un court-métrage inédit et inattendu du cinéaste. Intitulé Vent d’Ouest, le film prenait fait et cause pour la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en cours d’évacuation par les forces de l’ordre. Nous le republions cette semaine et en hommage, tant il constitue à nos yeux, le meilleur Godard. En addendum, quelques commentaires sur la polémique qui avait accompagné ce court-métrage

Autrefois, il n’y avait que des cinéastes. On ne parlait pas de techniciens. Méliès, Thalberg, Grémillon. Les mains des monteuses soviétiques, comme celles des ouvrières de la Rhodia, disaient l’exception partout où l’on aménageait la règle.

Vinci, Darty.

Aujourd’hui, c’est le règne des techniciens. Techniciens de grande surface, de télé mobile, techniciens de l’audiovisuel, de la gendarmerie.

Le cinéma s’est niché dans chaque arcane du capitalisme. La technique a pris le pas sur le geste. Et l’humain a déserté l’œil de celui qui regarde.

Ceux qui croient à la technique la disent objective, là où elle n’est qu’objectif.

Objectif de sécurité, de surveillance, de peur, de mort.

Et la mort, pour ne pas avoir trop peur, a substitué à son propre silence non pas un son d’outre-tombe, mais d’outre-vie.

Le son latent de l’agonie, celui du capitalisme, de la catastrophe permanente.

L’industrie et ses machines ont toujours généré leur propre musique. Des images et des sons émis par la vie, et comme subtilisés, retransmis par une agonie et destinés à la mort, aux structures de la mort.

Et dans ces structures de béton, fleurit toujours dans les interstices, là où l’humidité subsiste encore, cette herbe que l’on dit invasive lorsqu’elle ne fait que nous protéger de l’érosion, et c’est le Gourbi, le Far West, les 100 Noms.

Inverser la trajectoire, revenir à la vie depuis la mort, supprimer l’agonie.

Supprimer l’agonie. »

Du vrai Godard

L’article qui suit avait été publié la semaine suivant la parution de Vent d’Ouest. Il s’agissait de répondre à quelques calomnies et incompréhensions propagées dans le milieu du journalisme cinéphile.

Mercredi 9 mai à 18h, nous publiions un court-métrage intitulé « Vent d’Ouest » et attribué à Jean-Luc Godard. Très rapidement, le film de 5 min en soutien à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes faisait le tour…

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Auteur: lundimatin