Verrons-nous Karim aux Champs-Elysées ?

Jamais une coupe du monde n’aura été aussi critiquée que celle organisée au Qatar. Pourtant, la compétition a bien lieu et elle suscite l’enthousiasme attendu. Dans ce texte, Fred Bozzi propose de penser l’évènement par-delà le déni et la critique. On n’y croise Karim Benzema, quelques mythes, un conte et la passion du ballon. Si vous ne deviez lire qu’un article sur la coupe du monde, sa critique et ses résultats, c’est celui-ci !

QATAR 2022. Certains se sont efforcés de nous ouvrir les yeux sur l’abominable réalité, histoire de prévenir les effets hypnotisants des actions de football. Leur prise de parole paraît avoir porté ses fruits puisque d’autres se sont efforcés de rester sourds aux chants des sirènes. Mais s’ils pensent avoir déjoué le maléfice en détournant le regard, ces derniers n’ont peut-être pas aperçu que dans leur dos, un mythe pousse allègrement, et qu’ils ne pourront rien faire pour l’infléchir. Il s’agit donc plutôt ici d’oser regarder les mirages en face.

Prologue au conte de Noël

Que faire du Mythe du Mondial au Qatar ? Nous sommes devant le fait accompli, et la compétition ne semble pas avoir besoin de scénarios incroyables, comme on dit, pour entrer dans la Légende. Sauf tremblement de terre, l’événement va bel et bien finir par servir les illusions de la croissance. Il aura été symbole de la présence des pays du sud dans la sainte course au développement : leur prouesse logistique pour acheminer des milliers de personnes en atteste. Il aura inauguré l’ouverture morale qui s’ensuit, même s’il restera des progrès à faire : l’absence de violence autour des stades, la ferveur populaire et la belle prestation des équipes arabes en est un signe. Il aura actualisé l’émergence d’un mondialisme éco-responsable, puisque les conteneurs habituellement remplis de marchandises inutiles auront servi à la construction de stades recyclables. Traduction : la compétition capitaliste aura trouvé chez les rentiers du gaz et du pétrole de quoi reformuler et rafraîchir sa légende, en plus de renflouer les actuels marionnettistes et les charmeurs de foules.

Par prévention, fort heureusement, beaucoup d’esprits critiques s’étaient appliqués à dénoncer les faux-semblants, à démystifier les opérations d’enfumage écologique et social. Ils avaient montré les mensonges et la corruption, la censure et les renforts sécuritaires, l’exploitation mortifère des travailleurs et la répression des minorités. C’est pourquoi d’autres…

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Auteur: lundimatin