Vers l'emploi de l'arme nucléaire en Europe ?

Faut-il prendre au sérieux les menaces plus ou moins explicites de guerre nucléaires brandies par Vladimir Poutine ? Par-delà la propagande et la communication de guerre, Jean-Marc Royer s’attelle à démontrer qu’il s’agit d’une hypothèse à prendre très au sérieux. En scrutant les déclarations, traités d’armements et mouvements des deux blocs russes et états-uniens, cette analyse rigoureuse et fortement documentée dessine la possibilité d’une escalade redoutable à laquelle chaque partie se prépare.

« La porte du feu nucléaire est ouverte depuis le 24 février 2022 en Europe et à ce jour, elle n’a pas été refermée ».

Évidemment, lorsque survient une guerre industrielle, totale et à caractère génocidaire comme celle qui se déroule en ce moment sur le sol ukrainien et menace de déborder le cadre dans lequel les médias s’évertuent à l’enfermer quotidiennement, on est amené – ou bien à détourner le regard d’un champ de bataille ou des dizaines de milliers de cadavres sont entrain de se décomposer – ou bien à se demander par quels enchaînements de faits, par quels glissements progressifs de la défense des intérêts des uns et des autres, cette guerre d’agression débutée en 2014, s’est ainsi aggravée.

Tenter d’en rendre compte entraîne une nécessité, celle de porter un regard rétrospectif sur ce qui s’est passé durant ces trois dernières décennies pour en arriver là. Ce qui suit n’en est qu’une esquisse, dans un domaine particulier, car elle vise à éclairer autant que faire se peut, les risques d’emploi des armes nucléaires dans la guerre en cours ; il y a là, on le verra, un danger réel et inédit, dont les dimensions sont contemporaines du fait que le monde est en train de changer, profondément. Il est même en plein bouleversement, ce qui, toute analogie simpliste mise à part, fait penser aux débuts du xxe siècle, car c’est bien d’une reconfiguration des rapports de forces entre impérialismes et de ses conséquences civilisationnelles dont il s’agit, ce qui nous avait déjà conduit à écrire que nous pourrions bien être confrontés à de multiples états d’exception (climatique, écologique, sanitaire, économique, sécuritaire…) combinés à un « totalitarisme démocratique » étendu en Occidentalie.

D’un point de vue plus restreint – disons plus socio-économique – on a vu s’installer depuis trois décennies une lutte acharnée qui s’approfondit entre capital étatsunien et capital chinois (mais pas qu’entre eux)…

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Auteur: lundimatin