Cet article nous parvient de la Commune des désarteurs de l’économie et des destituants du spectacle. Il traite des contradictions de l’art et de la culture dans le capitalisme tardif et des mobilisations en cours des acteurs artistiques et culturels en réaction aux ordonnances de la gouvernementalité biopolitique actuelle.
[Illustration : Pétrification et réification de la théorie critique. Œuvre de Claire Fontaine.]
Le malaise dans la culture est un des symptômes de la double contrainte qui pèse sur le destin de l’art depuis l’aurore des avant-gardes artistiques du XXe siècle, celui d’être écartelé entre la liberté absolue (l’autonomie de l’art) et la liberté critique (le lieu où fermente une possible réinvention du monde qui ne se résigne pas au statu-quo).
Mais la revendication illusoire de l’autonomie radicale par rapport à la sphère marchande (la publicité des marchandises) et la sphère politique (la propagande de l’État culturel et les subventions plus ou moins généreuses des politiques culturelles) court toujours le risque de se voir inquiétée et révélée par les mouvements et les actes d’un soulèvement qui ne se contente plus d’une subversion de pure forme.
Les acteurs de l’art et de la culture parfois en étouffent et s’en étranglent, mal à l’aise et souvent mal à droite, d’apparaître, dans la crudité du soulèvement, pour ce qu’ils sont trop souvent : des équilibristes circassiens spécialistes du double discours, des lignes de crêtes, des crispations corporatistes, des contorsions illusionnistes, des positions inassignables et de l’alliance juteuse entre la subversion et la subvention.
Et celles et ceux qui se pinçaient le nez en observant sidérés le soulèvement des gilets jaunes sur leurs écrans, ont eux aussi été rejoints par l’infortune. Les théâtres, cinémas, musées, scènes de musiques actuelles ont brutalement fermés avec les autres lieux de convivialité que sont les bars et les restaurants.
Les professionnels du spectacle, de l’art et de la culture, sont eux aussi pour beaucoup précarisés, autant que celles et ceux qu’ils disaient ne pas comprendre, du haut de leur capital culturel, en regardant sur leurs écrans le soulèvement des gilets jaunes, voire le suspecter très injustement de populisme, encore mieux de fascisme.
La fausse conscience des gogos bobos tombe aujourd’hui et les bourgeois bohèmes abusés sont aujourd’hui bien obligés d’admettre qu’ils n’étaient pas les créatifs privilégiés des centres villes…
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Auteur: lundimatin