Vers une prise en charge plus empathique des violences

« La justice nous ignore, on ignore la justice ». Cette phrase, prononcée par Adèle Haenel en 2019, met en lumière ce qui est alors un impensé en matière de lutte contre les violences sexistes : doit-on espérer que les victimes se tournent vers le système pénal quand une infime minorité des procédures débouchent sur une condamnation ? Face à ce constat d’échec, dans des essais, des podcasts, à l’étranger aussi, des idées émergent pour une meilleure prise en charge de ces violences.

Dans son premier essai, Classées sans suite. Les femmes victimes de violences face à la justice (1), l’avocate Violaine De Filippis-Abate s’attaque à l’une des issues les plus craintes par les femmes : le classement sans suite. Cette décision, qui intervient après une plainte, signifie qu’elle est enterrée et qu’aucun procès n’aura lieu. Le classement sans suite concerne 80 % des plaintes pour des violences sexistes ou sexuelles. 80 % aussi des victimes de féminicides avaient déjà porté plainte. Plainte classée… sans suite.

1

Payot, 2023, 208 pages, 18 euros.

Bien sûr, certaines violences sont difficiles à prouver. Encore faut-il, pour trouver des preuves, les chercher. Dans la plupart des cas, l’enquête est très peu poussée, voire inexistante. L’avocate propose donc d’interdire au parquet le classement sans suite avant d’avoir mené les investigations de base : audition de l’homme concerné, de son entourage, saisie de son téléphone portable, etc. Des investigations qui nécessitent des moyens spécifiques. Et donc une réelle volonté politique.

En France, la police et les magistrats commencent à peine à se familiariser avec les ressorts psychologiques qui entourent les violences machistes : emprise,…

La suite est à lire sur: www.politis.fr
Auteur: Salomé Dionisi