Depuis la table de la salle à manger, Jacques et Michèle Fortin ont une belle vue sur leur champ verdoyant, entouré de haies foisonnantes. Parfois, leur cheval fait une irruption furtive dans ce décor typique du pays d’Auge. « Dès que je le pouvais, je m’occupais de mes hectares et je faisais le foin à l’ancienne, à la main », se souvient Jacques Fortin. Impensable pour lui d’entretenir ses terres à coups de pulvérisations de pesticides. Et pourtant il en a côtoyé, manipulé, respiré des milliers de litres. En 1968, Jacques Fortin est embauché comme agent agricole de l’Institut national de recherche agronomique (1) sur le domaine d’expérimentation dédié à la génétique et l’alimentation des bovins.
À l’époque, le site s’étend sur 320 hectares et compte mille bêtes sur la commune du Pin-au-Haras. Jacques est chargé de préparer « la bouillie phytosanitaire » et de l’épandre. « On traitait les céréales, les champs, les animaux, les étables sans aucune protection : pas de gants, pas de masques, pas de combinaison. Le tracteur n’avait même pas de cabine fermée », se souvient-il. Une routine à base de lindane – un insecticide finalement interdit en 1998 – et d’autres produits qu’il répète pendant trente ans, sans se poser de question sur ces bidons qui étaient surtout des numéros et des dosages, ni sur cette « odeur qui piquait un peu » car « c’est ce qui se pratiquait à l’époque ». Jusqu’à ce qu’il tombe malade, soudainement.
« On traitait les céréales, les champs, les animaux, les étables sans aucune
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Auteur: Vanina Delmas