« Des discussions complémentaires sur l’avenir du site de Grignon sont menées depuis l’été […]. Ces consultations devant se poursuivre, il n’est pas possible de maintenir la procédure actuellement engagée. » Ce sont ces quelques mots, glissés dans un communiqué de presse de la préfecture des Yvelines, qui ont rebattu les cartes d’un feuilleton bien mal engagé. Lundi 15 novembre, l’État a fait part de sa décision d’interrompre la mise en vente du site de Grignon, à l’ouest de Paris. « C’est une magnifique victoire collective ! » se sont réjouis, auprès de Reporterre, les opposants à la vente.
Dès 2016, le ministère de l’Agriculture, propriétaire des lieux, avait envisagé de céder Grignon aux dirigeants qataris du Paris Saint-Germain. Face à la fronde, les footballeurs avaient finalement choisi le site des terrasses de Poncy, à Poissy, pour établir le centre d’entraînement pharaonique. En mars 2020, l’État avait relancé un appel d’offres pour le rachat du domaine et c’est le projet du promoteur immobilier, Altarea Cogedim, qui avait fini par l’emporter, le 4 août dernier. Dès lors, étudiants, scientifiques et élus n’avaient eu de cesse de dénoncer les risques d’une telle privatisation.
Au-delà de son emblématique château Louis XIII, qui accueille l’école d’ingénieurs AgroParisTech depuis 1826, le domaine de Grignon est un joyau environnemental. Son parc de 133 hectares n’étant pas entretenu par l’Office national des forêts (ONF), une diversité importante d’insectes, de champignons et de lichens rares s’y développe. L’arboretum aux 200 espèces botaniques, plantées dès le XVIIe siècle, offre par ailleurs une collection forestière remarquable. Enfin, les 121 hectares de terres agricoles constituent une richesse scientifique formidable, selon Pierre-Henri Gouyon. Professeur au Muséum d’histoire naturelle de Paris, il a obtenu son diplôme d’ingénieur à AgroParisTech en 1975 : « À l’heure où de plus en plus de gens ont envie de se convertir à l’agroécologie, on manque cruellement de lieux d’expérimentation. Grignon est donc un joyau à préserver et je trouve déplorable que l’État ait voulu le céder à un promoteur immobilier. »
L’emblématique château du XVIIe siècle, dans lequel l’école est installée depuis 1826. © Emmanuel Clévenot/Reporterre
Barricades, recours contentieux et investigations fiscales
Rattachée au ministère de l’Économie et des Finances, la Direction de l’immobilier de l’État (DIE)…
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Auteur: Emmanuel Clévenot (Reporterre) Reporterre