La contestation du pouvoir des multinationales ne date pas d’hier. De leur émergence jusqu’à aujourd’hui, les journalistes d’investigation ont toujours joué un rôle important pour mettre en lumière leurs abus. Parmi les pionniers du journalisme engagé, il y a ceux qu’on appelle les « muckrakers », au début du 20e siècle aux États-Unis. « Muckrakers » signifie littéralement « ratisseurs de boue ». Autrement dit, les « fouille-merdes ». Ces journalistes écrivent dans des magazines prestigieux de l’époque comme McClure’s Magazine. Et observent la montée en puissance des grands trusts industriels comme la Standard Oil, le géant pétrolier du multi-milliardaire Rockefeller, de General Electric ou United Fruit.
Enquêtes sur les multinationales naissantes
Parmi ces muckrakers, il y a Ida Tarbell, fille d’une enseignante et d’un ouvrier du pétrole qui a grandi en Pennsylvanie. Elle publie une série d’articles dénonçant les méthodes de John D. Rockefeller dans l’industrie pétrolière naissante. Un autre, Ray Stannard Baker, couvre les grandes grèves ouvrières et enquête sur le monopole de la US Steel (dans la sidérurgie) que vient de créer le puissant financier JP Morgan. On peut aussi citer le romancier Upton Sinclair, qui se fait embaucher dans les abattoirs de Chicago, plaque tournante de l’industrie de la viande. En 1906, son roman La Jungle dénonce les déplorables conditions sociales et sanitaires qui y règnent. Le livre fait scandale et mène aux premières régulations de l’industrie.
L’âge d’or des ratisseurs de boue prend fin rapidement en raison des représailles des milieux d’affaires. Ils ont cependant contribué à alerter la société américaine et les pouvoirs publics sur la puissance des trusts.
Vidéo : qui est Beretta, multinationale pionnière des armes à feu ?
Les lanceurs d’alerte, les journalistes…
Auteur: Lisa Damiano