Vie de Pasquale Abatangelo, beatnik, braqueur, communiste combattant

L’Histoire a bousculé la vie de Pasquale Abatangelo avant même sa naissance puisque ses parents, émigrés italiens vivant en Grèce au début du 20e siècle, ont dû après la deuxième guerre mondiale retourner dans la mère patrie sur des barques de fortune ressemblant beaucoup à celles d’autres exilés venus d’autres horizons au 21e siècle. C’est pourquoi il vécut ses premières années dans l’extrême misère d’un centre d’accueil à Florence, avant d’être envoyé par sa mère restée veuve dans un institut où voisinaient orphelins, pensionnaires comme lui et vieillards mourants, dans la rue des Pas Contents, ainsi dénommée parce que c’était celle qu’empruntaient autrefois les condamnés à mort. Avec des débuts pareils, on peut comprendre qu’il ait eu quelques coups à rendre à la société italienne des années 60 et 70.

« J’ai volé », écrit-il, « je me suis drogué, j’ai craché sur les règles. On pourrait aussi dire que j’ai été un produit statistique de mon temps ; je n’en tire aucune honte. À un moment de ma vie, j’ai réalisé que je pouvais comprendre qui j’étais. Je ne suis jamais revenu en arrière. Je suis devenu un voyou politisé, un voyou communiste. » Tout comme son compagnon de lutte qu’il ne rencontrerait qu’au bout de leurs propres et interminables parcours carcéraux, Sante Notarnicola, Abatelo sait raconter ces années de prime jeunesse où le bouillonnement de la vie prend aussi bien la forme d’une virée à 14 ans dans un concert des Rolling Stones et un campement de beatnik, que les premiers larcins, à la suite de quoi, il fera connaissance d’un milieu où il a mené l’essentiel de ses luttes et de sa vie : la prison. Mais c’était à une époque bien particulière : « l’Italie était en train de se transformer jusque dans les cellules et les cours des prisons. La composition sociale s’était modifiée. Il entrait dorénavant dans les prisons des jeunes dont l’horizon de vie se trouvait dans les grandes métropoles industrielles des années soixante. Contrairement aux générations précédentes, eux saisissaient immédiatement la contradiction aiguë entre l’arriération du monde clos où ils avaient été relégués et le développement tumultueux de la société. Ils venaient généralement de familles ouvrières. Ils avaient refusé la discipline à l’usine et entraient d’autant plus fortement en collision avec l’autoritarisme médiéval du circuit pénitentiaire. » 

A la suite d’une manifestation de prisonniers,…

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Auteur: lundimatin