Vie d’espoir

Çiğdem Koç est une avocate turque engagée dans la défense des droits humains. Dans ce texte bouleversant, elle brosse pour Voix de l’Hexagone le portrait de plusieurs intellectuels, politiques ou avocats pourchassés, emprisonnés et tués dans son pays. Un vibrant plaidoyer pour la démocratie, la paix, la liberté et l’égalité.


Le poète iranien Shirazi écrit dans l’un de ses poèmes : « Nous avons besoin d’une vie de plus, après notre mort, parce que nous avons passé cette vie à espérer. »

Nous voulons décrire la perception du droit par la Turquie dans un langage exempt de la douleur ressentie et du sentiment d’injustice qui tourne comme un couteau à l’intérieur des gens. Mais peut-être ces lignes ne concernent-elles que nous.

Çiğdem Koç est avocate à Istanbul.

Ces dernières années, nos amis – les intellectuels emprisonnés – et nous, avons subi de graves violations du droit et des droits de l’homme. C’est aussi vrai pour les défenseurs des droits et les avocats que nous avons confiés au sol de mon beau pays. Ils sont désormais immortalisés dans des fresques murales gravées avec nos ongles, dans nos esprits, et laissés à la merci de l’histoire. Nous sommes malheureux mais pas désespérés.

Le fait que les libertés de pensée et d’expression errent comme des réfugiés agités dans l’esprit des gens n’est pas seulement le problème principal de notre pays, mais vraisemblablement aussi du monde. Même dans les sociétés les plus démocratiques, la véritable démocratie est en quelque sorte la proie des sacrements. Je ne nierai pas que j’ai parfois senti que l’esprit humain s’y prête, que les gènes égoïstes et opportunistes de cette forme de vie à laquelle nous appartenons n’arriveront jamais qu’aux limites de la démocratie et de son élément le plus important : la liberté d’opinion et d’expression.

Nous n’acceptons pas que le racisme, un certain type de fanatisme qui englobe toutes les religions et les discriminations liées au sexe soient présents dans nos vies, dans toutes les sociétés et à tous les âges. Toutefois, il ne me semble pas possible de combattre la nature mauvaise de l’être humain.

Défenseur des droits de l’homme et de la cause kurde, avocat et bâtonnier turc, Tahir Elçi est mort assassiné le 28 novembre 2015.

Dans ces ténèbres, certaines personnes ont toujours détenu « une vie de plus », pour reprendre le vers de Shirazi. C’est pourquoi l’être humain ne s’est jamais complètement…

La suite est à lire sur: voixdelhexagone.com
Auteur: Ella Micheletti