Vignerons sur le volcan Etna : la tradition au gré des éruptions

Etna (Italie), reportage

Lorsqu’au cours de son Odyssée, Ulysse débarqua sur l’île des Cyclopes au pied de la majestueuse montagne Etna, en Sicile, il fut d’abord frappé par la végétation : une terre fertile et « couverte de forêts », sur laquelle, déjà, « les vignes croissaient abondamment ». Des millénaires plus tard, des vignerons cultivent toujours sur les pentes arides du volcan. Le monstre de feu et de fumée en constante activité s’étend sur plus de 119 000 hectares. Pour les profanes, l’idée de cultiver sur les pentes de l’Etna, entre les coulées de lave et la végétation aride, peut donner le vertige. Pas à Salvo Foti, pionnier du vin « nature » en Sicile. « La montagne fait partie de nous, dit-il à Reporterre. Quand j’étais petit, c’est en regardant l’Etna que mon grand-père savait s’il allait pleuvoir. Nous vivons depuis toujours avec elle. » Il a repris l’exploitation familiale, en 2001 : « Si le volcan le décide, il n’y a plus rien. C’est son vignoble, pas le mien. »

La terre de l’Etna, nourrie par les éruptions, est très fertile.

La viticulture sur l’Etna est dite « héroïque », notamment parce que l’organisation des vignes en terrasses et la taille en gobelet empêchent toute mécanisation. Au gré des éruptions — plus de cinquante depuis le mois de janvier —, il faut, aussi, dégager la cendre du toit des maisons. Un exercice chronophage et laborieux, que les vignerons font de bonne grâce. Chaque réveil du volcan entraîne en effet un renouvellement de la terre, déjà fortement chargée en minéraux, tandis que le soufre contenu dans la fumée protège les vignes contre les maladies. Pour qui sait la lire, la nature prolifique de la « muntagna », comme l’appellent les Siciliens, prend ainsi rapidement le pas sur sa potentialité destructrice.

© Gaëlle Sutton/Reporterre

Sur les étiquettes, la simple évocation de l’Etna fait vendre. Les investisseurs ont flairé le filon au début des années 2000. Les pionniers virent alors débarquer sur les flancs du volcan plusieurs centaines de vignerons en l’espace de deux décennies. « L’Etna a beaucoup changé. Il y a quinze ans, il y avait encore beaucoup d’arbres fruitiers, des petits domaines. Aujourd’hui, il y a des vignes partout, plein de terrasses ont été détruites », déplore Anna Martens, installée depuis 2008 avec son mari Éric Narioo à Solicchiata, sur le versant nord du volcan. Pour s’inviter à la fête, certains n’hésitent en effet pas à…

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Auteur: Reporterre