Viktor Orbán, anomalie ou révélateur du projet européen ?

Viktor Orbán est souvent présenté comme un opposant à l’Union européenne, voire son antithèse. L’Europe serait ouverte et démocratique alors que le régime d’Orbán serait autoritaire et fermé, en particulier sur la question des migrant·es. Ce tableau, qui satisfait aussi bien l’extrême centre que l’extrême droite, ne correspond pourtant pas à la réalité. Les politiques anti-migrant·es menées par le gouvernement hongrois ne sont pas en rupture avec les politiques de l’Union européenne et des principaux pays en son sein, les spécificités des politiques d’Orbán s’expliquant avant tout par la position que son pays occupe dans l’Union européenne et les modalités de la prétendue « intégration européenne ».

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Depuis la prétendue « crise migratoire » de 2015, le premier ministre hongrois Viktor Orbán est devenu une figure emblématique d’une droite européenne ultra-conservatrice et « illibérale »[1].  Sa ligne politique s’ancre dans des positions anti-immigration virulentes et des discours féroces visant l’Union européenne (UE), dépeinte comme incapable de « protéger l’Europe et sa civilisation » de la « menace que représentent les migrants »[2].  

Au-delà de sa rhétorique incendiaire, Orbán s’est constamment opposé aux initiatives de l’UE en matière de gouvernance commune des migrations, notamment à la proposition de la Commission européenne de mettre en œuvre des quotas pour la répartition des demandeurs d’asile, ainsi qu’à plusieurs dispositions contenues dans le « nouveau pacte sur les migrations et l’asile » de 2020.

Ces positions ont valu au premier ministre hongrois des rappels à l’ordre de la part de ses homologues européens. En 2015, par exemple, Laurent Fabius, alors ministre français des Affaires étrangères, lui a reproché de ne pas « respecter les valeurs communes de l’Europe. » En 2018, c’est la chancelière allemande Angela Merkel qui a jugé que les discours de Viktor Orbán sur l’immigration « manquaient d’humanité », et déclaré que « l’humanité est l’âme de l’Europe. »[3]  

La position de la Hongrie sur la question migratoire a ainsi été présentée comme exceptionnellement excluante et comme constituant une anomalie morale dans le paysage politique européen. Outre ces jugements de valeur, les commentateurs ont souligné la nature contradictoire de la position du pays à la lumière du déclin de sa population. En effet, associée à une forte migration vers les bassins d’emploi…

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Auteur: redaction