Villes et livraisons : le « desserrement logistique » augmente-t-il la pollution ?

Ces 30 dernières années, les villes ont connu un étalement dont une des conséquences est l’éloignement des installations logistiques (plateformes de tri et entrepôts) du cœur des villes. Ce phénomène, appelé desserrement logistique, a été démontré pour la première fois sur l’aire urbaine de Paris.

Il en résulterait un accroissement des distances parcourues – et par extension une augmentation de la pollution émise – pour livrer des colis en ville. Cependant, les conséquences dues à l’éloignement restent aujourd’hui débattues : lorsque la situation est analysée dans son ensemble, la ville et sa périphérie, le desserrement apparaît alors comme la solution optimale.

Comment est répartie la demande dans l’espace

Si l’on ne considère que le centre-ville, le desserrement logistique a pour effet l’augmentation des distances parcourues. Les installations logistiques sont plus loin du cœur de ville et il faut réaliser une plus grande distance pour effectuer les opérations (livraisons et expéditions). Avec pour conséquence une hausse des émissions causées par le transport de marchandises.

Suivant cette logique, il serait intéressant d’encourager le retour des installations logistiques au cœur des villes afin de limiter les externalités négatives engendrées (pollution, congestion, etc.). Le raisonnement ne s’applique toutefois que lorsque le centre-ville réunit la grande majorité de la demande.

Si l’on considère ce dernier et la région qui l’entoure, les rapports de force changent. Dans le cas de l’Île-de-France, si la ville de Paris a une densité de population (20 544,8 habitants par km2) bien plus élevée que le reste de la région (1 010,9 habitants par km2), la population parisienne ne représente que 18 % de la population totale de l’Île-de-France.

Si les habitants sont un indicateur sur la quantité de flux, n’omettons par ailleurs pas les entreprises, et en particulier les industriels qui sont d’importants émetteurs de marchandises. Ce tissu industriel est principalement localisé en périphérie des villes comme l’illustre une étude sur un transporteur.

Une logistique « polycentrique »

Un autre élément à prendre en compte est que les transporteurs n’opèrent pas dans les grandes régions (comme l’Île-de-France) à partir d’un seul point mais possèdent plusieurs plates-formes, chacune gérant un territoire propre.

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En adoptant une approche polycentrique, le territoire se retrouve ainsi divisé en sous-territoires suivant des logiques d’optimisation du transport (c’est-à-dire de minimisation de la distance parcourue par les camions). En additionnant, une demande distribuée sur l’ensemble du territoire et non pas concentrée en son centre ainsi que le choix d’une…

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Auteur: Antoine Robichet, Doctorant en transport de marchandises, Université Gustave Eiffel