« Vingt ans après AZF, on n'en a pas tiré les leçons »

La catastrophe a fait 31 morts, près de 2 500 blessés, endommagé 26 000 logements. Il y a vingt ans, le 21 septembre 2001, une explosion soufflait l’usine AZF et toute une partie de l’agglomération toulousaine. A-t-on tiré les leçons de cet accident industriel ? Denis Molin, secrétaire de l’association de sinistrés AZF : plus jamais ça ni ici ni ailleurs-Croix de pierre, et membre de la coordination des associations riveraines de sites Seveso, revient sur ce drame pour Reporterre.


Reporterre — Pourquoi vous êtes-vous engagé après l’accident d’AZF, voilà vingt ans ?

Denis Molin — J’habite à Toulouse, à 800 mètres de l’usine AZF. Lors de l’explosion, il n’y avait personne chez moi mais une portion de ma maison est partie, disons, en vrac. J’ai commencé à aider les voisins, puis petit à petit, comme j’étais syndicaliste, j’ai répondu à l’appel pour créer des associations de quartier. Nous en avons créé une dans le nôtre, le quartier Croix de pierre, qui était bien abîmé par l’explosion.

Notre association a fait le choix de s’orienter vers le volet juridique, et notamment d’aller devant la justice administrative. Nous voulions faire condamner l’État puisqu’on s’est aperçu au fur et à mesure qu’il y avait eu très peu de vérifications des inspecteurs de la Drire [ces organismes ont depuis été fusionnées dans les directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement, les Dreal], et que ce site était en déshérence. Nous sommes ainsi la seule association à avoir intenté un procès à l’État devant le tribunal administratif pour mise en danger de la vie d’autrui. On a obtenu une condamnation devant la cour d’appel de Bordeaux, mais le Conseil d’État a ensuite cassé le jugement. On n’avait pas les sous pour aller plus loin. Le Conseil d’État a couvert l’État pour qu’en cas de catastrophe, les insuffisances dans les contrôles ne puissent être condamnées.



Avez-vous été surpris de découvrir ces failles dans la sécurité de l’usine et le manque de contrôles de l’État ?

Avant l’explosion, quand vous discutiez avec de vieux Toulousains, des habitants, des ouvriers, tout le monde disait : « Un jour, ça explosera. » Nous, qui n’habitions pas très loin, on observait des dégagements de gaz tous les samedis et dimanches. On se disait qu’il y avait des problèmes. En plus, on entrait dans cette usine comme dans un hall de gare. Il n’y avait pas une grande sécurité. On le savait. Mais on n’imaginait…

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Auteur: Marie Astier (Reporterre) Reporterre