Le controversé projet gazier Mozambique LNG de TotalEnergies a été relancé au début de l’année par le PDG de la multinationale, Patrick Pouyanné. Le chantier avait été suspendu après une attaque du groupe armé djihadiste Al-Shabab en mars 2021, qui avait fait plus de 1 200 morts et disparus dans la région de Cabo Delgado, devenue stratégique depuis la découverte de gisements sous-marins de gaz en 2010.
Relancer Mozambique LNG reviendrait à plonger davantage le pays dans l’insécurité, explique Daniel Ribeiro, biologiste de formation et directeur technique et de la recherche de l’ONG Justiça Ambiental, l’équivalent des Amis de la Terre Mozambique. Reporterre l’a rencontré à Paris, entre deux rendez-vous avec les banques françaises finançant le projet : la Société générale et le Crédit agricole.
Reporterre — Le PDG de TotalEnergies évoque une forme de « retour à la normale » à Cabo Delgado. Quel est votre regard sur l’instabilité dans la région ?
Daniel Ribeiro — Total voulait déjà relancer le chantier l’année dernière, mais chaque fois qu’il a été question d’un redémarrage, la situation s’est enflammée sur place. Rappelons qu’il s’agit de l’investissement privé étranger le plus important en Afrique. Quiconque veut nuire au gouvernement du Mozambique va viser cette cible stratégique, comme lors de l’attaque en 2021. La simple présence de Total dans cette région met les gens en danger.
Une grande partie de la militarisation de la région est dédiée à la protection des infrastructures gazières. Le gouvernement mozambicain a dispensé une formation rapide et médiocre, avec l’envoi de jeunes soldats inexpérimentés et peu supervisés. On constate des agressions de ces soldats à l’égard des communautés locales, des cas de viols de femmes, ainsi que des enlèvements et extorsions.
Les conflits entre les communautés locales et ces forces de sécurité, chargées de la…
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Auteur: Maïa Courtois