Virus Marburg en Guinée équatoriale :  pourquoi l’OMS a convoqué une réunion d’urgence

Le 13 février, les autorités de Guinée équatoriale ont confirmé une flambée du virus Marburg dans l’est du pays. Moins de 24 h plus tard, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) convoquait une réunion d’urgence sur la question.

Appartenant à la même famille que le virus Ebola (Filoviridae), le virus Marburg est responsable de graves fièvres hémorragiques chez l’être humain. L’OMS indique que sa létalité est de l’ordre de 50 % (elle varie de 24 % à 88 % selon les études). Elle dépend notamment de la quantité de particules virales transmises au moment de l’infection et de la qualité de prise en charge des patients.

Que faut-il savoir sur la situation en Guinée équatoriale ? Pourquoi l’OMS a-t-elle convoqué une réunion en urgence ? La situation est-elle préoccupante ?

Quand l’alerte a-t-elle été donnée ?

L’alerte a été donnée dès le 7 février, dans le district de la province de Kie Ntem, dans l’est de la Guinée équatoriale. Cette partie du pays est frontalière avec le Cameroun au nord, et le Gabon à l’est. Il s’agit d’une zone plutôt rurale et forestière, avec de petites villes et villages, sans grand centre urbain.

Plusieurs malades ont présenté les mêmes symptômes, et des décès groupés sont survenus, ce qui a déclenché l’alerte. Dans un tel cas de figure, des prélèvements sont effectués et envoyés dans des centres de référence, en l’occurrence l’Institut Pasteur de Dakar, le centre de référence pour les fièvres hémorragiques dans cette région. Les analyses ont confirmé que le virus impliqué était le virus Marburg.

C’est la première fois qu’une flambée est confirmée en Guinée équatoriale : il s’agit donc d’une véritable émergence, dans un pays a priori sans historique de virus de fièvres hémorragiques. Les derniers cas de Marburg ont été enregistrés en 2021 en Guinée-Conakry et au Ghana, deux pays éloignés de la Guinée équatoriale.

Pour l’instant, 9 décès sont survenus, et 16 cas suspects ont été enregistrés (deux cas suspects concernent des personnes au Cameroun, à la frontière avec la Guinée équatoriale).

Pourquoi une telle réunion d’urgence ?

Avant tout, il est important de préciser que la réunion du 14 février n’a pas été convoquée pour alerter sur une éventuelle urgence de santé publique de portée internationale.

L’objet de ce meeting, auquel ont participé les spécialistes du virus Marburg de nombreux pays, était, entre autres choses, de faire le point sur les vaccins contre cet agent infectieux et les traitements en cours d’élaboration : état des recherches et développements, des essais cliniques, etc.

À l’heure actuelle, en effet, il n’existe aucun traitement spécifique pour la maladie du virus de Marburg (ni préventif ni curatif). Mais diverses pistes sont explorées, que ce soit par la recherche académique ou le secteur pharmaceutique. Des personnes du monde entier possédant des données sur des vaccins ou des traitements à l’étude ont donc été invitées : chercheurs, représentants de firmes pharmaceutiques, etc.

L’idée était de déterminer au plus vite les conditions les plus pertinentes pour mettre en place d’un essai clinique de phase 3, dans le cadre de l’épidémie en cours, afin de récolter des données cliniques de terrain concernant l’efficacité des candidats vaccins ou médicaments jugés pertinents.

L’obtention de telles données de terrain est en effet le seul moyen de répondre à la question « est-ce que le vaccin (ou le médicament) est efficace pour prévenir ou traiter la maladie ? ».

Quelles sont les prochaines étapes ?

Afin de mettre en place un tel essai, plusieurs prérequis sont nécessaires.

Il faut sélectionner les candidats vaccins et médicaments les plus pertinents, discuter avec les experts qui les mettent au point pour connaître leur niveau de développement (préclinique, phase 1, phase 2…), déterminer quelles quantités de doses sont disponibles (ce qui peut nécessiter de faire des tests de stabilité pour vérifier la fiabilité des doses qui ont été stockées depuis longtemps), mettre en place les chaînes logistiques destinées à acheminer les doses sur le terrain, etc.

Les discussions concernent aussi la validation du protocole d’évaluation clinique : quels critères d’efficacité retenir (innocuité, effet sur le…

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Auteur: Eric D’Ortenzio, Médecin, Epidémiologiste, Directeur du département Statégie & Partenariats, ANRS I Maladies infectieuses émergentes, Inserm