« Vis ma (vraie) vie de Marseillais∙e » : du taudis au Airbnb

Après avoir excellemment raconté il y a cinq ans les luttes de la Nanterre populaire, Du bidonville à la Cité, Victor Collet a poussé la passion de l’observation participante jusqu’à venir comparer les punaises de lit marseillaises à celles de l’Ile de France, en habitant dans un immeuble que le gestionnaire laissait sciemment se dégrader pour décourager les locataires. Les « anciens » décédés ou partis à l’hôpital, l’entrée toujours ouverte aux grands vents et au petit commerce de la dope, les appartements abandonnés rénovés illico presto et protégés de portes blindées tandis que ceux des derniers locataires étaient offerts aux départs d’incendie… on connaît la chanson, elle a été entonnée depuis près de trente ans à Belleville et ailleurs. Victor était aux premières loges pour l’entendre à Marseille, où elle est devenue chant funèbre, en novembre 2018, avec l’effondrement d’immeubles de la rue d’Aubagne.

Particularité locale, le requiem s’est vite transformé en cri de colère : « Gaudin assassin ! » dans des manifestations qui ont fait tomber le cacique local et toute sa clique de barons et baronnes aux comportements (et/ou acoquinements) mafieux. Il faut dire que « la veille des effondrements de la rue d’Aubagne, un mur s’écroule sous les coups de mistral et de masse d’une centaine d’opposants au projet de la Plaine ». « Vingt millions pour détruire la Plaine, pas une thune pour sauver Noailles ! » La lutte contre la gentrification d’un quartier a opéré sa jonction avec la vague d’indignation des habitants du quartier sinistré, au fur et à mesure qu’on découvrait les dessous crasseux de la politique urbaine de laisser faire-laisser s’enrichir : élus directement intéressés, aveuglement volontaire des responsables techniques… Une politique qui a entraîné la mort d’au moins huit personnes.

Le lien entre la dégradation programmée de…

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Auteur: dev