Visite guidée de la maison d'arrêt de Lyon-Corbas : La gamelle

Comme nous l’avions annoncé dans nos pages, Kamel Daoudi, assigné à résidence depuis plus de 12 ans, a écopé d’une peine de 12 mois de prison ferme à la suite d’un retard de 30 minutes sur son couvre-feu quotidien. Plutôt que de s’indigner du traitement judiciaire et extrajudiciaire ahurissant que M. Daoudi et sa famille subissent depuis bientôt 20 ans, il nous apparaît plus opportun de laisser place au témoignage et à l’enquête. Après nous avoir fait visiter sa cellule, la promenade, évoqué ce temps qui ne passe pas, depuis le quartier d’isolement de la maison d’arrêt de Lyon-Corbas, M. Daoudi nous raconte cette semaine « la gamelle ».

Gamelle [gamɛl] : nom féminin – (1584) italien gamella, du latin camella, « coupe ». 1°) Anciennement écuelle dans laquelle plusieurs matelots ou soldats mangeaient ensemble. 2°) (1831) Récipient métallique individuel, muni d’un couvercle et utilisé par les soldats, les campeurs, les ouvriers d’un chantier. Gamelle et quart en aluminium – Par métonymie, le contenu de ce récipient. Faire chauffer sa gamelle. Familier. Préparer la gamelle du chien. 3°) Table commune des officiers d’un navire > Carré ; mess. Chef de gamelle. 4°) Familier. Chute > Gadin, pelle. Ramasser, prendre une gamelle : tomber. Figuré : subir un échec.
In Le Nouveau Petit Robert, 2009.

Je suis toujours partagé quand il s’agit d’utiliser ce terme parce que, selon son acception, tantôt il renferme le mépris, tantôt il est attaché à toute une histoire, un passé, une culture carcérale. Peu de surveillants utilisent encore le vocable ; souvent ce sont les plus anciens qui l’emploient encore. Aujourd’hui, la plupart disent simplement : repas.

Le rituel de la gamelle est important en prison. Il ponctue deux fois par jour le quotidien du prisonnier ou de la prisonnière. Il est d’abord auditif. En prison, ton sens le plus aiguisé est l’ouïe. Ton oreille précède…

Auteur: lundimatin
La suite est à lire sur: lundi.am